Faits divers
Le 20 janvier 2011
Un giallo mélancolique en mode mineur qui capte remarquablement bien l’atmosphère provinciale de la région du delta du Po.
- Réalisateur : Carlo Mazzacurati
- Acteurs : Fabrizio Bentivoglio, Giuseppe Battiston, Valentina Lodovini, Giovanni Capovilla, Ahmed Hafiene :
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Italien
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– Durée : 1h50mn
Un giallo mélancolique en mode mineur qui capte remarquablement bien l’atmosphère provinciale de la région du delta du Po.
L’argument : Mara, une jeune institutrice, vient effectuer un remplacement de quelques mois dans un petit village du delta du Po avant de partir pour le Brésil dans le cadre d’un projet de coopération. Hassan, mécanicien tunisien estimé et respecté de tous, tombe amoureux d’elle. Une relation finit par s’établir entre eux sous les yeux de Giovanni, 19 ans, aspirant journaliste.
Notre avis : En 1987, le fort beau Notte italiana, produit par la Sacher Film de Nanni Moretti, avait attiré l’attention sur Carlo Mazzacurati, trente ans, déjà auteur de Vagabondi (1979), un road-movie auto-financé qui n’avait pas été distribué en salles. Il apparaissait alors comme un des jeunes cinéastes susceptibles de raviver la flamme du cinéma italien, déjà bien vacillante à l’époque.
L’intrigue, vaguement policière, était surtout prétexte à saisir l’atmosphère particulière de la région du delta du Po que Mazzacurati, né à Padoue, connaissait bien.
Vingt ans et une dizaine de films plus tard, la Giusta distanza se déroule dans les mêmes paysages et retrouve les mêmes couleurs hivernales merveilleusement rendues par la photo de Luca Bigazzi. A nouveau une intrigue policière viendra confirmer ce qu’on pressent dès les premières scènes : que le mal, banal, peut surgir sous l’apparente torpeur provinciale.
A vrai dire, la touche de giallo et les velléités de message politique sont les aspects les moins convaincants du film. Le thème central du racisme et de l’intégration des immigrés est abordé avec des bonnes intentions trop visibles et, en dépit des efforts louables des interprètes, les personnages de Hassan et de son beau-père marocain qui fait les meilleures pizzas du coin sont trop politiquement corrects pour exister pleinement au delà de la fonction de représentativité que leur a assignée le scénario.
Ces faiblesses n’entachent pourtant pas trop les réelles qualités du film qui se révèlent surtout dans sa longue exposition, avant que l’intrigue policière ne surgisse comme par inadvertance et ne le détourne un peu de ce qui fait son prix : l’attention, peu soucieuse d’effets, avec laquelle sont observés l’ambiance et les personnages.
On sera particulièrement sensible à la forte présence que Valentina Lodovini confère au personnage imprévisible de la belle Mara, l’institutrice venue innocemment semer le trouble dans ce coin tranquille, et à la feinte gaucherie du débutant Giovanni Capovilla, étonnant de gravité adulte dans le rôle du jeune journaliste qui est bien plus qu’un simple observateur puisqu’il est à l’évidence amoureux de la jeune femme (crack en informatique, il répare son ordinateur et en profite pour piquer le code d’accès de sa messagerie.)
Giuseppe Battiston en commerçant beauf qui déclare fièrement avoir trouvé son épouse roumaine sur le catalogue et Fabrizio Bentivoglio en directeur de journal faisant au jeune journaliste la leçon sur la bonne distance à respecter dans ses articles tirent par moment le film vers la comédie un peu convenue, sans trop forcer le trait cependant. Mais ce sont surtout les nombreux personnages secondaires, interprétés par des non professionnels, qui donnent à l’ensemble une touche d’authenticité précieuse qui est d’abord celle du parler local. De brèves scènes parfaitement inutiles à l’intrigue mais toujours savoureuses leur permettent par instants de sortir du choeur pour faire un petit numéro en solo.
C’est cette liberté de ton et cette qualité d’observation qui permettent à La Giusta distanza, film modeste, en mode mineur malgré son titre un peu casse-gueule, de se détacher du lot des films policiers à prétentions sociologiques qui ont envahi le cinéma italien ces dernières années.
Nominé huit fois aux David di Donatello 2008 (le Césars italiens, le film n’en obtint aucun, presque toutes les récompenses étant raflées cette année là par La ragazza del lago de Andrea Molaioli, autre giallo dépressif et provincial.
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