Masculin/féminin
Le 28 juillet 2007
Tous les grands thèmes d’Almodóvar déjà présents dans ce mélo tumultueux.
- Réalisateur : Pedro Almodóvar
- Acteurs : Antonio Banderas, Carmen Maura, Rossy de Palma, Eusebio Poncela, Germán Cobos, Miguel Molina, Fernando Guillen
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h40mn
- Reprise: 19 juin 2019
- Titre original : La ley del deseo
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 16 mars 1988
Résumé : Madrid, années 80 : Pablo Quintero est un personnage "branché", metteur en scène de théâtre et de cinéma, homosexuel très libre, volage et séduisant. Il est amoureux du jeune Juan, qui ne trouve pas sa place dan cette vie d’artiste célèbre et débauché. Juan quitte la capitale pour rejoindre son village du bord de mer, et une correspondance factice s’établit entre Pablo et Juan ; au même moment, Pablo est abordé par Antonio un soir de première de {La voix humaine}, montée par Pablo avec sa sœur Tina. Antonio va aimer Pablo d’une passion violente et possessive qui va précipiter les événements.
Critique : On a coutume de dire de certains cinéastes qu’il font toujours le même film : c’est encore plus vrai pour Almodóvar : la preuve en couleurs (vives) et en costumes (datés : les années 80, très kitsch) dans La Loi du désir, qui rayonne de (presque) tous les films à venir du cinéaste espagnol. Outrancier, sexuel, passionné, paroxystique, amoureux, la loi du désir contient en creux une foule de personnages et de situations que les films suivants reprendront à leur compte, jusqu’à la toute dernière Mauvaise éducation où le cinéaste se représente en amoureux transi piégé par ses bons sentiments.
Dans le sixième long métrage de sa carrière, Almodóvar inscrit son "style" : le bric-à-brac sentimental moqué par certains, une "hispanité" entre humour et tragique, et cette sophistication dans l’écriture qui parvient à préserver, intacte, une émotion mélodramatique que peu de cinéastes assument avec autant de personnalité. La loi du désir est bien un mélo tumultueux comme Almodóvar les aime : touchant, assez cochon (Almodóvar préfère déjà le "plan à trois" à la partie carrée) et intriguant (un vrai polar, un jour peut-être ?). C’est "le" grand film sur l’homosexualité de Pedro Almodóvar (narcissisme et onanisme, l’autre et le même) et l’occasion pour lui de redire son amour des hommes et de leur féminité svelte et... velue (en 1986, les poils ne sont pas encore interdits d’écran).
Mais cette "loi du désir" n’a rien du manifeste gay qu’ont voulu y voir certains admirateurs béats de la "movida" ; car le grand sujet d’Almodóvar est beaucoup plus actuel en somme, et le cinéaste n’a pas attendu les militants queer et transgenres pour l’évoquer : il s’agit de la différence (?) des sexes. Ou de leurs troublantes et problématiques ressemblances - pour ne pas dire "parenté"... Dans La loi du désir, c’est la généreuse et séduisante Carmen Maura qui s’y colle, garçon-femme improbable et sublime que le cinéaste (son frère Pablo) aime du seul amour qui le sauve. Cinéma érotique et amoureux, film sur la fraternité, l’amour et l’abandon, ode aux corps qu’ils soient masculins ou féminins, La loi du désir est un condensé explosif et harmonieux du meilleur d’Almodóvar - les plus personnels et les plus aboutis de ses questionnements d’artiste.
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Norman06 16 juillet 2009
La loi du désir - Pedro Almodóvar - critique
L’un des films les plus radicaux du cinéaste espagnol. Réflexion pertinente sur l’identité sexuelle et interprétation étonnante de Carmen Maura et Antonio Banderas.