Ames en peine
Le 14 janvier 2003
Epuisante dissection des âmes, de la pensée et de la mélancolie.


- Auteur : Akira Yoshimura
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction

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Deux nouvelles, sous le signe de la mort et de la profanation. Deux récits à la première personne, qui parlent du mystère de soi devenu autre, ou de l’autre qui prend possession de soi. Ce malaise. Cette curiosité. Cette étrangeté de la mort comme un tumulte infini. Il n’y a pas de paix. La jeune fille observe son corps livré à des étudiants en médecine, regarde ses viscères posés sur la paillasse, assiste, en spectatrice attentive, à sa dissection, ses bains de formol, sa crémation. Même ces cendres ne lui apporteront pas de repos. Pas plus que n’en auront les enfants morts dont les urnes se trafiquent sur le marché de l’antiquité. Peu d’émotions, peu de contacts, les êtres se côtoient, dans une indifférence parfois hostile, ou une fascination malsaine, sans paroles, ou presque, sans désir. La vie est une épreuve que la mort ne soulage pas.
Ces deux récits d’Akira Yoshimura datent des années soixante mais ont cette éternité du symbole et de la métaphore. Une langue limpide, libérée du superflu, qui donne à voir au plus profond des âmes, et dissèque, elle aussi, les circonvolutions de la pensée et de la mélancolie. L’univers est étrange, insaisissable, pesant, quelque chose qui ne serait pas tout à fait la vie, et pas encore la mort. Un épuisement.
Akira Yoshimura, La jeune fille suppliciée sur une étagère, (Shojo Kakei, Ishi no Bisho, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle), Actes Sud, 2002, 142 pages, 13,60 €