Manos Kelly . Intégrale - La chronique BD

L’intégrale des aventures de Manos Kelly, œuvre emblématique d’Antonio Hernandez Palacios, est enfin disponible en France. Pour les connaisseurs, ce sera l’occasion de se replonger dans l’univers de western vintage, avec notamment ses couleurs tranchantes. Pour les nouveaux lecteurs, c’est l’occasion de découvrir une œuvre espagnole dans la veine de Blueberry ou Comanche. C’est assez sombre pour être sérieux, assez optimiste comme message pour rester dans le western spaghetti. Le héros, au prénom hispanique et au nom américain, propose un voyage à travers les vallées et déserts du fin fond de l’Ouest. Entre les premiers colons, les différentes ethnies indiennes et les inévitables bandits, ce héros va vivre de multiples aventures, qui ont en commun de vouloir proposer une certaine vérité historique, notamment sur la présence espagnole dans le continent. Les grandes péripéties (le piège, la traversée du désert, la poursuite à cheval...) sont toutes présentes, mais chacune a un trait, une trajectoire bien précise qui en fait une nouvelle inédite.

© Éditions du Long Bec

Graphiquement, la patte de Palacios est là : de l’action qui peut paraître un peu figée, un peu ancienne mais dépeinte avec maestria, des personnages un peu stéréotypés mais terriblement sympathiques. Le style est pur, le tracé serein, et le scénario, ou plutôt les différentes histoires, s’accordent parfaitement, ni trop longues ni trop courtes. L’œuvre est riche, pleine des fantasmes du Far West, pleine de bons sentiments. Manos Kelly est l’ami de tous les peuples, le défenseur des pauvres et des faibles, sous ses airs de baroudeur il reste un homme sensible. Un héros un peu vieillot mais sacrément attachant.

© Éditions du Long Bec

Manos Kelly, c’est donc c­inq albums en un­ qui permettent d’embrasser une œuvre riche de sens et de talent. Clairement, l’ensemble est vintage, au sens où les couleurs peuvent choquer, ou la trame scénaristique apparaît un peu prévisible, mais où tout concorde, où chaque planche transpire le travail et forme un album chef d’œuvre, un héritage qui place un auteur dans la lignée des plus grands.