Ame damnée
Le 10 mars 2015
Exhumation inespérée d’un OVNI cinématographique inédit des années 60 associant mélange des genres et surréalisme. Etrange et beau.
- Réalisateur : Jean-Denis Bonan
- Acteurs : Myriam Mézières, Claude Merlin, Solange Pradel, Jackie Raynal, Catherine Deville
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Durée : 1h09mn
- Date de sortie : 11 mars 2015
- Plus d'informations : http://lunaparkfilms.blogspot.fr/
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– Année de production : 1968 (prémontage en double bande 16 mm)
– Sortie simultanée du court métrage Tristesse des anthropophages (23’), interdit de diffusion en 1966 pour scatologie et obscénité.
– Films restaurés, numérisés et distribués par Francis Lecomte (Luna Park Film) avec le concours de la Cinémathèque du Limousin (numérisation image HD), DCAudiovisuel (numérisation son), Penny Lane (étalonnage, mixage final et conformation)
Exhumation inespérée d’un OVNI cinématographique inédit des années 60 associant mélange des genres et surréalisme. Etrange et beau.
L’argument : Dans le Paris des années 60, une série de crimes trouble la tranquillité publique. Le 22 mars 1968, Hélène Picard, prostituée condamnée à mort en 1966 pour plusieurs meurtres de consoeurs, est exécutée par Louis Guilbeau, bourreau de son état. Aussitôt les crimes violents, identiques à ceux d’Hélène Picard, reprennent. Parallèlement, Louis noue une intrigue amoureuse avec la policière chargée de l’enquête...
Quels sont les liens occultes qui se dissimulent entre le bourreau et la mystérieuse criminelle ? Qui est véritablement cet homme crépusculaire ?
L’histoire d’un maudit dans une fiction presque policière.
Notre avis : Auteur et réalisateur de courts-métrages de fiction et d’un nombre impressionnant de documentaires pour la télévision, mais aussi chef-monteur, scénariste, enseignant à l’IDHEC et à la Sorbonne Nouvelle, membre fondateur du groupe ARC et de CINÉLUTTE, co-initiateur du magazine Métropolis (ARTE), écrivain, plasticien, auteur d’un album dessiné,..., Jean-Denis Bonan n’est pas vraiment un inconnu. Mais La Femme bourreau, son unique long-métrage de fiction (un deuxième est en préparation), tourné en 1968, était resté à l’état de prémontage en double bande 16 mm et doit son exhumation tardive à Jean-Pierre Bastid (extraits du film programmés lors d’une carte blanche à la Cinémathèque intitulée Cinéma & Anarchie) et surtout à Francis Lecomte (Luna Park Film) qui s’est chargé de la post-production, avec le concours de la Cinémathèque du Limousin, et de la distribution en salles.
C’est donc un bien étrange objet filmique qui surgit ainsi, revenu d’un autre temps, témoignage d’un courant minoritaire (Jean-Denis Bonan : nous étions minoritaires dans une sorte de maquis - un maquis plutôt confortable*) naviguant entre actionnisme, expressionnisme “nouvelle vague” et écriture automatique cinématographique*
Revendiquant l’influence de Bunuel, de Fritz Lang, de Godard, mais aussi d’Henri Michaux, de Picasso, Matisse, Gauguin ou Bonnard, Jean-Pierre Bonan adopte certains codes du film policier (superbe photo noir et blanc de Gérard de Battista ; faux communiqués radiophoniques en voix off) et ne dédaigne pas le registre de la parodie en mêlant érotisme et polar, expressionnisme et chansonnettes, reportage et sophistication*.
Un côté enjoué, un mauvais esprit provocateur, à la fois potache et troublant (les béquilles du commissaire soudain révélées lorsqu’il se lève, emporté par le feu de son appel haineux et délirant à la traque du meurtrier ), ne prend jamais totalement le dessus sur une espèce de sérieux presque trop ostensiblement affiché (le discours final du bourreau-assassin : Je ne suis pas une bête. Je ne suis pas un homme. Je suis une plaie vive).
L’auteur cerne très bien lui-même sa démarche en se qualifiant de farceur et sévère, comme le serait un poète oscillant entre absurdité et métaphysique*, et en soulignant sa volonté de mettre en scène l’ambiguïté, de briser les frontières qui étaient aussi celles édifiées entre masculin et féminin. * (le travestissement est un des motifs centraux du film).
Car, au delà d’aspects un peu datés et d’intentions parfois trop visibles, ce film, avec sa caméra plutôt dirigée vers les coulisses du monde, dans les caves et les greniers, dans l’inconscient*, a gardé une force poétique et transgressive qui doit beaucoup à la manière dont il utilise le décors parisien (la gare, l’immeuble décati du côté de Belleville, un autre en démolition), notamment lors d’une course poursuite sur les toits venue tout droit de chez Feuillade ou Franju
L’exhumation inespérée et la diffusion en salles de cet OVNI cinématographique est donc l’occasion d’une (re)découverte précieuse et ô combien bienvenue.
- Bonan, Jean-Denis - LA FEMME BOURREAU - Luna Park Films
Séances première semaine au cinéma L’entrepôt (7, rue Francis de Pressensé - 75014 Paris / M° Pernety - http://www.lentrepot.fr/ )
– mercredi 11/03 19h50 (en présence du réalisateur),
– jeudi 12/03 19h50,
– vendredi 13/03 19h50 (en présence du réalisateur et de Claude Merlin, acteur) ,
– samedi 14/03 20h,
– dimanche 15/03 15h40 (séance présentée par LUNA PARK FILMS),
– lundi 16/03 18h,
– mardi 17/03 19h50
*Citations extraites d’un entretien avec Jean-Denis Bonan publié sur http://lefeusacre-editions.tumblr.com
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