Critique  : La dégustation, écrite et mise en scène par Ivan Calbérac, remplit tous les critères du cahier des charges d’une comédie populaire : des personnages attachants, de l’humour à foison dans les situations et les répliques, un ressort plus dramatique, un peu de grivoiserie, un happy end... C’est efficace.
Le spectacle repose beaucoup sur l’affrontement des univers, le choc des contrastes mais aussi les aléas, les choix de vie et ce qui peut, in fine, nous rassembler. Les personnalités sont très vites campées dès le début de la pièce.
Jacques ne s’aime pas. Il s’est arrêté à l’heure des drames qu’il a vécus et reste cloîtré dans sa léthargie. Hortense se sent à l’étroit dans sa vie et ses habits étriqués. Entre le bourru et l’avenante, trois autres personnages vont saupoudrer des épices et du poil à gratter.
L’humour est globalement fin, malgré quelques facilités. Les répliques fusent, les jeux de mots sont de la partie. C’est frais et ça fait du bien.
Le charme fou d’Isabelle Carré opère comme toujours et la sympathie habituelle de Bernard Campan est au rendez-vous. Ce sont des valeurs sûres. On repense bien sûr à leur duo marquant et plus profond dans le film de Zabou Breitman Se souvenir des belles choses, en 2001.
Ici, le couple fonctionne à merveille. On sent les deux artistes sur une même longueur d’ondes et, bien sûr, le spectacle y gagne. Les trois autres comédiens sont parfois un peu en dessous. La direction d’acteurs y est-elle pour quelque chose ? Le contexte de pandémie et la fatigue en sont peut-être les raisons. La troupe joue deux fois le samedi et deux fois le dimanche.
La mise en scène est fluide et maîtrisée, avec un décor qui offre une surprise en fin de spectacle, comme un tiroir qui s’ouvre. Les élans et ruptures comiques fonctionnent aussi bien dans l’interprétation que dans la façon de se comporter des personnages. Ces éléments mettent en valeur le rythme et la dynamique du texte. Si le déroulement et la conclusion sont attendus, c’est parce qu’ils appliquent les codes formatés de la comédie grand public.
Ivan Calbérac avait déjà marqué les esprits avec ses précédentes œuvres : Venise n’est pas en Italie, ainsi que L’étudiante et Monsieur Henri. Il privilégie un style populaire et assumé, qui assurément plaît au plus grand nombre.
Bref, La dégustation est un spectacle bon enfant et charmant qui a mérité son Molière 2019 de la meilleure comédie.

Continuons de soutenir le monde du spectacle vivant et allons dans les théâtres ! lls respectent les mesures sanitaires et figurent parmi les endroits les plus sûrs.