Batman . The Dark Prince Charming - La chronique BD

Marini dans l’univers de Batman, en voilà une bonne idée. L’auteur de Rapace, Les aigles de Rome et surtout Le scorpion à toujours été fan du héros créé par Bob Kane et Bill Finger en 1939. Heureux hasard, sa maison d’édition Dargaud possède les droits français et un accord est trouvé avec DC comics pour laisser libre cours a l’imagination de l’auteur Italien. Mieux, pour cette première rencontre entre le Chevalier noir et la BD franco-belge, il a eu carte blanche.


Pour autant, Marini n’a pas souhaité bouleverser l’univers du super héros. On ressent même à la lecture dudit ouvrage un vrai respect pour le matériau original et une volonté de coller à une vision la plus authentique possible du personnage. On s’éloigne beaucoup des aventures dont la surenchère technologique est au cœur du récit. La magie de Batman est avant tout un mystère, pour ses comparses comme pour le lecteur. Là où la trilogie cinématographique de Christopher Nolan s’appliquait à humaniser le personnage et à démultiplier les enjeux de son action, c’est tout l’inverse que fait Marini. Batman n’est pas un humain comme les autres, il reprend ici sa dimension mystique mais son combat est beaucoup plus réaliste. Nul besoin de sauver Gotham d’un réacteur nucléaire transformé en bombe. Il doit sauver une fillette qui pourrait être la sienne et pour cela il met en marche son talent d’enquêteur. C’est ce ressors intime et subtilement intégré à sa mission qui rend le récit si palpitant. Batman n’est pas guidé ici par un code moral indéfectible. Bien qu’il ne se l’avoue pas, il se bat par intérêt personnel.

L’autre réussite de ce Dark Prince Charming, ce sont ses personnages et leur caractérisation. Le joker est un danseur punk lunatique qui gesticule pour séduire sa belle. Les scènes de vie avec son équipe de clowns complètement timbrés et Harley Quinn donnent lieu à de magnifiques cases, explosives de couleurs. Parce que Marini est avant tout un merveilleux dessinateur. Ses encrages, son trait, la composition de ses cadres, on en prend plein les mirettes. L’ambiance très sombre et les couleurs font penser aux polars noirs des années 40-50 et le grand format de l’album donne la part belle aux magnifiques planches de Gotham en double page.
On attend avec impatience la suite de ce qui pourrait devenir une œuvre culte au sein de la dynastie DC.