La dernière carte
Le 23 mars 2011
Cette brillante adaptation de la nouvelle de Pouchkine est un fascinant cauchemar éveillé hanté par un Ivan Mosjoukine halluciné.
- Réalisateur : Yakov Protazanov
- Acteurs : Ivan Mosjoukine, Tatiana Douvan, Elizaveta Chebouieva, Vera Orlova, Nikolaï Panov
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Russe
- Durée : 1H03mn (version DVD)
- Titre original : Пиковая дама / Pikovaya dama
- Plus d'informations : http://www.youtube.com/watch?v=OhY9...
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– Sortie en Russie : 1. avril 1916
Cette brillante adaptation de la nouvelle de Pouchkine est un fascinant cauchemar éveillé hanté par un Ivan Mosjoukine halluciné.
L’argument : Hermann ne joue jamais aux cartes mais aime passer ses soirées en compagnie de joueurs. Au cours d’une de ces soirée, Tomski raconte que la comtesse Anna Fédotovna détiendrait le secret du Comte de Saint Germain permettant de deviner les trois cartes qui vont sortir. Hermann courtise Lisaveta Ivanovna qui est au service de la comtesse. Chaque jour il lui écrit et se poste à sa fenêtre pour se faire remarquer.
Une nuit, il s’introduit dans la maison d’Anna Fédotovna. Devant le refus de la comtesse de lui revéler son secret, il sort un pistolet et provoque involontairement la mort de la vieille dame effrayée.
Hermann a ensuite une vision montrant la comtesse lui désignant trois cartes. Il se décide alors à jouer. Les deux premières cartes le rendent riche et la troisième, une dame de pique, le ruine. Il perd la raison et doit être enfermé.
Notre avis : On ne compte plus Les adaptations cinématographiques de la nouvelle d’Alexandre Pouchkine Pikovaya dama (1834) : versions de Pyotr Chardynin en 1910, d’Aleksandr Razumnyj en 1927, de Fédor Ozep en 1937, de Thorold Dickinson en 1949, de Roman Tikhomirov en 1960 , de Léonard Keigel en 1965 ; sans parler des téléfilms et des versions filmées de l’opéra (1890) de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
Témoignage éloquent du niveau d’excellence atteint par le cinéma russe d’avant la Révolution (voir Les Ténèbres de l’âme féminine de Bauer), le film réalisé en 1916 par Yakov Protazanov (Aelita) est une lecture particulièrement inspirée de l’oeuvre.
Le film frappe d’abord par son sens de la composition picturale et l’opulente reconstitution (décors, costumes) de la Saint-Petersbourg des années 1830.
Le cinéaste anime admirablement ses plans d’ensemble et individualise les nombreux figurants. Il utilise avec brio les outils d’un langage cinématographique encore neuf, parvenant à donner un relief saisissant à chaque plan. Créant une étonnante atmosphère de nuit blanche il instaure d’emblée une tonalité fantastique.
Les allées et venues incessantes entre présent et passé (les scènes en costumes dix-huitième montrant la comtesse jeune à la cour de Louis XV), les surimpressions (l’apparition du spectre de la vieille dame pour révéler le secret des trois cartes), le travelling fiévreux accompagnant Herrmann lorsqu’il entre dans la salle de jeu le soir fatidique, le jeu sobre mais comme sous hypnose des acteurs : tout concourt à faire de cette Dame de Pique une fascinante vision cauchemardesque habitée de masques pathétiques aux cernes noirs.
Si la figure de Lisa (Vera Orlova) est un peu sacrifiée, la comtesse, jeune (Tatiana Douvan) ou vieille (Elizaveta Chebouieva), et le Herrmann halluciné d’Ivan Mosjoukine inscrivent une forte présence à l’écran.
L’acteur, une des plus grandes stars du cinéma muet, est ici étonnamment avare d’effets mais sa composition n’en est que plus fascinante. Sa collaboration avec Protazanov fut particulièrement fructueuse puisque, entre 1915 et 1920, ils ont tourné ensemble plus de 30 films, dont l’admirable Otets Sergueï ( Le père Serge - 1917).
Quant à cette Dame de Pique, qu’on peut aisément visionner sur internet ou se procurer en DVD, c’est un must pour tout cinéphile.
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