La chose publique

Une réflexion intelligente et pleine d’émotion sur l’action de filmer.

Le troisième long métrage de Mathieu Amalric arrive sur grand écran, après avoir été sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2003. Film en miroir, La chose publique, troisième long métrage de Mathieu Almaric est une réflexion sur l’action de filmer, que ce soit dans le réalisme ou la fiction. Un film dans le film expose les déboires de Philippe, pris entre la réalisation d’une commande pour Arte et les peines de cœur de sa femme. Une troisième histoire prend donc corps, une histoire d’amour filmée sur le vif dans l’intimité de cette femme.

Ainsi les trois histoires se télescopent. Celle d’Almaric lui-même, à laquelle le spectateur adhère comme à un film classique, celle de l’équipe de tournage filmant Michèle Laroque et Bernard Menez dans le projet pour Arte, et enfin les images de l’intimité de Philippe, tantôt personnelles, tantôt glaciales. On passe du plan fixe au flou des enregistrements spontanés d’un homme en mal d’amour.

La chose publique n’est pas une théorisation sur le cinéma. C’est un film qui rend l’émotion en instantané, joue sur les genres et égare à plaisir le spectateur. Quelques longueurs dans la première partie maintiennent un peu à distance, mais dès lors qu’on se laisse mener par les contradictions de ces amours croisées, de l’art qui envahit la vie, et de la vie qui se mêle au cinéma, le film prend une toute autre dimension ; et montre à quel point cette confusion est ce qui nous fait vivre.