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Le 5 juillet 2006
De la résistance et de la belle littérature servie en hauts plateaux.
Quand un chaman écrivain ramène son peuple dans son berceau. De la résistance et de la belle littérature servie en hauts plateaux.
"Je veux écrire une page d’Histoire." Pas "je voudrais", "je veux", formule qu’enfant on nous disait réservée aux rois. Cela tombe bien : Galsan Tschinag est un prince, né en 1944 dans une famille d’éleveurs nomades touvas en Mongolie. L’Histoire, la majuscule est de mise, est celle de son peuple, dispersé par les guerres. En 1995, ce chaman décidait de ramener les siens sur la terre de leurs ancêtres, dans le Haut-Altaï. Il formait une caravane forte de dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants, de trois cents chevaux et cent trente chameaux. En cent cinq jours à travers le désert et la steppe, la taïga et les montagnes, il réalisait son rêve. Et écrivait, deux ans plus tard, une autre page d’histoire : le récit de cette aventure [1].
"Au début, presque tous les gens me croient fou", poursuit Galsan Tschinag dans le prologue. "A la fin, quelques-uns seulement". Entre les deux, une volonté inébranlable, d’abord pour mettre sur pied cette caravane, ensuite pour la conduire dans son berceau, bravant la cupidité, l’apathie et l’alcoolisme, maux que l’auteur attribue à un même mal : "La privatisation a été une invisible bombe atomique aux effroyables réactions en chaîne. Catapulté dans ce pays par le capitalisme mondial, elle continue d’exploser jour après jour."
La caravane ne saurait se réduire à sa dimension politique. Galsan Tschinag est aussi un conteur et cela s’entend. Surtout dans la première partie, construite en de courts chapitres posés comme autant de petites pièces indispensables à la mise en route de la caravane et qu’on aurait sans doute plus de plaisir à écouter (dans le silence de la steppe de Gobi ?) qu’à lire.
La seconde partie, "Journal de bord", se parcourt, elle, comme un tout grand récit de voyage : une écriture de l’instant, émerveillée, saisissant sur le vif portraits et paysages, témoignant à elle seule "de la civilisation itinérante des Nomades". Le conteur s’est fait écrivain, le marcheur a trouvé son rythme, le rêveur a atteint son but : "Les uns écrivent l’histoire avec leur sang, les autres avec leurs larmes. Nous avons écrit la nôtre avec notre sueur, et mon vœu est que cela en reste là. Tel un groupe de météores au cœur de l’Altaï aux clairs glaciers, les chameaux cuivrés de Gobi resteront la preuve tangible de l’odyssée de la caravane."
Galsan Tschinag, La caravane, traduit de l’allemand par Dominique Petit et Françoise Toraille, L’esprit des péninsules, 2006, 185 pages, 18 €
[1] L’édition originale de La caravane a été publiée en 1997 à Munich
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