Le 9 juin 2025
Le dernier long métrage de Bo Widerberg est un drame romanesque touchant, qui reprend certains thèmes du cinéaste et est porté par trois interprètes admirables.


- Réalisateur : Bo Widerberg
- Acteurs : Björn Kjellman, Tomas von Brömssen, Johan Widerberg, Marika Lagercrantz
- Genre : Drame, Historique, Romance, Film de guerre, Érotique, Teen movie
- Nationalité : Suédois, Danois
- Distributeur : Malavida Films
- Durée : 2h05mn
- Reprise: 11 juin 2025
- Titre original : Lust Och Fägring Stor
- Date de sortie : 29 janvier 2020
- Festival : Festival de Berlin 1996

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– Année de production : 1995
– Reprise en version restaurée : 11 juin 2025
Résumé : 1943. Alors que ses camarades sont très occupés à parler de sexualité, un trouble s’installe entre Stig, jeune lycéen, et sa professeure Viola. Stig est attiré par cette femme belle et mature, Viola aime chez Stig sa jeunesse et son innocence. Ils deviennent vite amants. Mais Stig rencontre fortuitement Frank, le mari de Viola, représentant de commerce, alcoolique et fantasque. Une étrange relation d’amitié va naître entre eux.
Critique : C’est le dernier long métrage de Bo Widerberg, qui devait décéder deux ans plus tard. Le film reprend la forme apparemment classique qui était celle du Chemin du serpent, son film précédent. Maître de la Nouvelle vague suédoise, Widerberg a semble-t-il renoncé aux expérimentations esthétiques qu’il déployait dans Amour 65, et des références à Godard, Antonioni ou Cassavetes. Mais la thématique sociale est toujours ancrée dans La beauté des choses, ainsi que la volonté de donner un cadre historique, à l’instar de Joe Hill. Widerberg situe la narration à Mälmo, la ville de son enfance et de son adolescence, comme il l’avait fait avec ses premières œuvres, Le péché suédois et Le quartier du corbeau. Et le jeune homme protagoniste pourrait un être un alter ego du réalisateur, même si Widerberg était un tout jeune enfant au moment où se situe le récit. Comme Wideberg, et de même que le personnage joué par Thommy Berggren dans Le quartier du corbeau, Stig est intéressé par les lettres, surtout quand une attirance réciproque se noue avec Viola sa séduisante et érudite professeure de littérature.
- © Malavida
La dangerosité de leur liaison (elle est son éducatrice, il est mineur, elle est mariée, nous sommes dans les années 1940…) ne semble pas un frein et les deux amoureux ne prennent même pas la peine de prendre les règles de prudence minimales, y compris au sein de leur établissement scolaire. Un deuxième récit se met subitement en place avec l’intrusion inopinée de Kjell, l’époux de Viola. L’homme, qui croit (ou veut croire) que Stig prend des cours particuliers d’anglais dans leur appartement, se rapproche lui-même de l’adolescent qui devient son confident puis son ami. Stig écoute alors les états d’âme ce cet homme plutôt drôle et bienveillant, représentant de commerce aux ressources incertaines, alcoolique invétéré… Comme souvent chez Widerberg, les tourments individuels se lient au drame collectif avec, en toile de fond, la Seconde Guerre mondiale, même si la Suède fut un pays non belligérant.
- © Malavida
La beauté des choses regorge d’un beau romanesque, qui rappelle le Widerberg d’Elvira Madigan mais aussi des films d’autres cinéastes ayant abordé une trame plus ou moins similaire, comme Le diable au corps de Claude Autant-Lara ou Un été 42 de Robert Mulligan. L’œuvre doit aussi beaucoup à ses trois interprètes, dont Johan Widerberg, le propre fils du réalisateur, fulgurant météore du septième art. Il est bien entouré par la lumineuse Marika Lagercrantz et Thomas von Brömssen, déjà dirigé par l’auteur dans L’homme de Majorque. Prix spécial du Jury au Festival de Berlin 1995 et nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, La beauté des choses ne sortit en France qu’en 2020. Il fait partie de la rétrospective Bo Widerberg proposée par le distributeur Malavida le 11 juin 2025.
- © Malavida