Le 9 février 2024
Le premier long métrage de Jean-Jacques Beineix est sans doute son meilleur, grâce à un récit simple mais efficace et une ambiance décalée typique des eighties.


- Réalisateur : Jean-Jacques Beineix
- Acteurs : Richard Bohringer, Dominique Pinon, Gérard Darmon, Frédéric Andréi, Roland Bertin, Patrick Floersheim, Jean-Jacques Moreau, Jacques Fabbri, Wilhelmenia Wiggins Fernandez, Thuy An Luu
- Genre : Drame, Romance, Policier
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 8 mars 2025 22:59
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 11 mars 1981

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Résumé : Un jeune postier amoureux du bel canto réalise un enregistrement pirate d’un concert donné par une diva. Sa passion et un hasard malencontreux vont provoquer une chasse à l’homme dont il est la proie.
Critique : Jusque-là assistant réalisateur, Jean-Jacques Beineix réussit à convaincre les producteurs Serge et Irène Silberman de financer son premier long métrage. Le tournage ne fut pas de tout repos, la production étant sceptique quant aux méthodes et intentions du cinéaste. Beineix réalisait pourtant avec Diva ce qui nous semble être son meilleur film, loin des boursouflures de La lune dans le caniveau (1982), de l’esthétisme daté de 37°2 le matin (1986), de l’insignifiance de Roselyne et les lions (1989) et de l’académisme clinquant de IP5 - L’île aux pachydermes (1992). Le scénario est pourtant léger, et tient en deux ou trois feuillets, mais telle était naguère la caractéristique des premiers Truffaut ou Godard. Un postier mélomane enregistre illégalement les concerts d’une cantatrice qu’il admire, et se trouve embarqué malgré lui dans une histoire policière autour d’une exploitation de prostituées... L’essentiel n’est pas là, mais dans une ambiance mêlant émotions liées à l’écoute de la musique classique, portrait de personnages pittoresques pris dans l’engrenage d’un polar décalé, et plans tarabiscotés (audace pour les fans de Beineix, esbroufe pour ses détracteurs). Plus de quarante ans après sa sortie, ce film de mode a pris certes quelques rides (les subtilités des vidéocassettes et les vols de vinyle chez des disquaires branchés n’impressionnent plus personne) mais reste attachant, narrativement efficace, tout en étant désormais doté d’un potentiel nostalgique qui est la marque des anciens succès. Qualifié un peu trop rapidement à l’époque de cinéaste publicitaire, à l’instar de Luc Besson puis, à un moindre degré, Leos Carax, Beineix tentait en fait de greffer une certaine « qualité française » à l’esprit en liberté de la Nouvelle Vague, tout en proposant une french touch très ancrée sur les eighties. Concernant l’emprunt au cinéma des Duvivier ou Carné, on se réfèrera notamment au casting séduisant. Si le météore Frédéric Andréi est touchant, on retiendra surtout la galerie d’excentriques seconds rôles campés par Dominique Pinon, Gérard Darmon, Richard Bohringer ou Jacques Fabbri, la verve de l’étoile filante Thuy Ann Luu et le magnétisme de Wilhelmenia Fernandez dans le rôle-titre. Et les collaborateurs artistiques et techniques de Beinex sont loin de démériter, à l’instar du directeur photo Philippe Rousselot et de la cheffe monteuse Marie-Josèphe Yoyotte. Diva sortit en salles dans l’indifférence générale, avant de connaître des hauts et des bas, mais surtout des hauts grâce à bouche à oreille positif, puis une consécration aux César. Son statut de film culte fut ensuite consolidé sur la durée, également à l’international.