Le 2 février 2022
- Réalisateur : Jean-Jacques Beineix
- Voir le dossier : Nécrologie
Le réalisateur de Diva et 37°2 le matin est mort le 13 janvier 2022, à l’âge de 75 ans. Représentant de ce qu’on a appelé "le cinéma du look", Beineix avait nettement perdu de son influence à partir du début des années 90.
News : Avec Beineix, c’est une bonne partie de l’esthétique chic et choc des années 80 qui s’en est allée, celle qui imposa son nom, ceux de Besson et Carax, comme les étendards d’une esthétique à qui l’on reprocha son clinquant, sa forme empruntée aux clips ou à la pub, où le futur metteur en scène d’IP5 s’illustra d’abord. Cette étiquette, Beineix la trimballa tellement longtemps que son succès s’éteignit en même temps que la décennie qui l’avait fait roi du box-office avec 37°2 le matin, sorti en 1986, lorsque cette inflexion visuelle passa de mode et qu’une nouvelle génération de cinéastes émergea (celle de Desplechin ou Assayas), aux intentions esthétiques bien différentes.
Après un court métrage tourné en 1977, Le Chien de Monsieur Michel, le réalisateur connaît le succès avec Diva, adaptation cinématographique du roman de Delacorta, qui remportera, parmi quatre César, celui de la première œuvre, en 1981. Tout Beineix se trouve déjà là, dans une stylisation des décors reconstitués en studio, des mouvements de caméra nerveux au service d’un thriller esthétisant, des éclairages soulignés. La critique se divise. Et la scission s’accroît avec le film suivant, La Lune dans le caniveau (1983) avec Gérard Depardieu et Nastassja Kinski. Le public ne suit pas, la presse se déchaîne. Trois ans plus tard, Beineix prend sa revanche avec 37°2 le matin, adaptation du roman de Philippe Djian, qui obtiendra un triomphe et deviendra culte, révélant Béatrice Dalle. Pour autant, l’artiste n’a pas gagné ses galons de cinéaste patrimonial et la suite sera artistiquement et commercialement douloureuse, suivant la trajectoire d’une esthétique à bout de souffle, devenue un tic formaliste : résultat, Roselyne et les lions (1988) connaît un bide commercial et critique. Quant à IP5 (1991), il suscite davantage la polémique liée à la mort d’Yves Montand à la toute fin du tournage (Beineix sera injustement accusé de ne pas avoir préservé son acteur vedette physiquement affaibli) qu’à son contenu intrinsèque.
Le réalisateur s’éloigne alors du grand écran, tourne des documentaires pour la télévision. Un ultime échec, Mortel Transfert (2001), provoque son retrait définitif de la création cinématographique. Le metteur en scène s’oriente vers le théâtre et la littérature. Il publiera son premier et unique roman en 2020, intitulé Toboggan, avant de décéder deux ans plus tard, à l’âge de 75 ans.
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