Les fraises sauvages
Le 25 juin 2020
Dans la famille "Nouvelle Vague européenne", je voudrais la Suède... Une blonde funambule et un déserteur forment le couple de ce film bucolique au parfum d’esthétisme et de mélancolie.
- Réalisateur : Bo Widerberg
- Acteurs : Pia Degermark, Thommy Berggren, Lennart Malmer
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Malavida Films
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h30mn
- Reprise: 24 juin 2020
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 20 octobre 1967
- Plus d'informations : Rétrospective Bo Widerberg
- Festival : Festival de Cannes 1967
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Résumé : En 1889, un lieutenant de l’armée suédoise d’origine noble s’éprend d’une danseuse de corde, Elvira Madigan, qui travaille dans un cirque. Un amour fou les lie immédiatement et chacun abandonne ses devoirs. Le couple fuit un pays hostile à leur liaison illégitime et trouve un précaire refuge à la campagne... Mais les deux amoureux n’ont guère les moyens de survivre...
Bande-annonce rétrospective Bo Widerberg :
Critique : Parce que c’était lui, parce que c’était elle : Elvira Madigan conte une histoire d’amour qui s’esquisse à peine sur la pellicule, avec une évidence qui court-circuite les mots et les causes. Produire un cinéma qui donne l’impression de la spontanéité, faire de la caméra un organe aussi mobile et distrait que l’est l’œil humain, préférer les scènes intimistes et hors normes à la théâtralité pesante de la scénographie classique : autant de propositions esthétiques qui, dans les années 1960, soufflent à travers les cinématographies du monde entier, ce film suédois ne faisant pas exception. Appuyée par le retour de lignes musicales qui impriment leur rythme à l’ensemble du film - en particulier le concerto pour piano n°21 de Mozart, qui devient ici une véritable signature sonore de la fantaisie amoureuse -, la patte de Bo Widerberg procède par touches et tracés délicats, pour former une peinture bucolique d’un récit dont nous connaissons déjà la chute tragique. Le cinéaste déplace ainsi l’enjeu du drame de l’intrigue proprement dite - deux fugitifs en cavale à travers prairies et champs - à la simple énumération méthodique des moments de bonheur qui s’écoulent pour s’amenuiser progressivement jusqu’à l’épuisement et la mort. Geste pictural impressionniste, car de la « scène de genre » ne demeurent plus que des situations, des cadres de paysages et de matières que les sentiments des personnages viennent remplir de façon souvent muette, par le jeu d’un regard ou d’une caresse.
- Elvira Madigan © Malavida
Elvira Madigan se déplie ainsi à la manière d’un ornement de papier un peu fragile, qui se laisserait traverser par la lumière et la grâce. Au cœur de cet édifice esthétisant, la touchante Pia Degermark, récompensée à Cannes pour son image de muse d’albâtre, apparaissant constamment à l’écran dans un écrin de sainteté encore rehaussé par la blondeur de sa chevelure. De cette pastorale, on peut pourtant parfois un peu se lasser, malgré le soin extrême apporté au choix visuel de chaque plan ; de l’alchimie sentimentale peine à émerger un trouble nouveau, et le film semble s’achever à son point précis de départ, dans une rêverie en mineur éclairée de quelques rayons. Désireux de s’opposer à ce qu’il considérait comme le « passéisme » de Bergman, Bo Widerberg ne manque pas lui non plus de se figer par moments dans certaines poses et un lexique symbolique par trop d’exemples connu - la blancheur, la pureté, le printemps... -. Reste le plaisir de disposer des personnages, des objets, et de les laisser respirer dans le cadre, en jouant de l’accident et de l’effet inattendu ; protocole de filmage plutôt que mise en scène, qui laisse la place à des émotions variées pour le spectateur, et relèvent surtout des petits plaisirs du détail. Elvira Madigan semble s’avancer comme son héroïne, avec audace et insouciance sur un fil tendu : Bo Widerberg l’acrobate peut vaciller, comme il peut aussi produire un spectacle intrigant, qui envoie valser en l’air les contraintes de la société et du temps.
Le DVD
- Copyright Malavida
Pour ce film à la photographie très étudiée, on apprécie l’essentiel, à savoir un rendu de toute beauté, mais toutefois un peu léger sur sa présentation...
Les suppléments
Circulez, il n’y a rien à voir... Et pas grand-chose à lire non plus ! On comprend que sur le DVD lui-même, l’éditeur ait privilégié la qualité du master par rapport à la quantité de bonus ; mais le livret qui accompagne le film met l’eau à la bouche sans pour autant satisfaire notre appétit, d’autant qu’on aimerait en découvrir un peu plus une cinématographie dont la réputation est occultée par celle de Bergman...
Image
Des couleurs superbes où filtre le grain léger d’origine : travail de toute beauté - surtout sur les effets de lumière et de transparence - pour une photographie qui le méritait amplement, et qui nous permet d’apprécier la recherche esthétique du film.
Son
Un timide mono d’origine, correct mais un peu mat, et dont il est parfois difficile de dire si la platitude est un effet volontaire d’atténuation des distances ou due à un traitement minimal...
– Date de sortie DVD : le 30 novembre 2009
Galerie Photos
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