Chercher la femme
Le 29 juin 2005
Il a beau venir d’un autre temps, Frigyes Karinthy reste un auteur majeur qu’il faut découvrir. Entre poésie et humour féroce.
- Auteur : Frigyes Karinthy
- Editeur : Editions des Syrtes
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Hongroise
L'a lu
Veut le lire
Il a beau venir d’un autre temps, Frigyes Karinthy reste un auteur majeur que le public français doit encore découvrir. Entre poésie et humour féroce.
Coupons court à tout malentendu Frigyes Karinthy n’a pas résolu le mystère qui régit depuis des millénaires les relations entre les hommes et les femmes comme on nous l’avait promis. Ses schémas sont vieillis, profondément misogynes, centrés sur le pauvre idéaliste abusé par des amours malheureuses. Poétiques ou humoristiques, ses nouvelles sont donc profondément réjouissantes pour ceux qui se sentent harcelés à longueur de journée par des pseudo analyses sociologiques du couple. Autant dire un auteur qui n’aura jamais sa place dans les magazines féminins. "Il fut un temps où on croyait l’avoir trouvée [la femme] : un savant grec nommé Archimède la découvrit dans une baignoire en criant : « Euréka, Euréka ! », c’est-à-dire : « Bon d’accord, je t’épouse. » Il lui a couru après dans la rue avec ce cri mais apparemment il n’a pas pu la rattraper."
Vénales, fausses, narcissiques, orgueilleuses, superficielles, elles causent le malheur et la mort à qui ose les côtoyer d’un peu trop près. Sans doute le poids des déceptions ou une âme d’éternel adolescent. Ainsi ce harem qui mène la vie dure au padischah Aladar, un aventurier hongrois parti à la conquête de l’Inde et dont la réussite relayée par les journaux fait des envieux dans son pays natal. "Cinquante fois mari sans jamais porter la culotté." On pense aussi à ce destin tragique d’un gentil naïf croyant fomenter une bonne blague et qui se retrouve abandonné par sa fiancé, seul et moribond, devant la porte de son ennemi d’enfance, ou encore, dans une superbe nouvelle sur l’usure du temps, à cette épouse trop maquillée dont on cherche la beauté originelle au milieu d’un fatras de vêtements.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, au-delà de la guerre des sexes traitée sur un ton partisan et sarcastique Karinthy, auteur majeur dans la Hongrie de la première moitié du vingtième siècle, se sert surtout de ce prétexte pour pourfendre la vulgarité des rapports quotidiens. "Que fais-tu là les lèvres serrées", dit le narrateur adulte à l’enfant qu’il était, "comme l’homme sauvage devant qui la foudre vient de tomber, méchanceté, inconnue terrifiante et menaçante ? Allons, viens ne reste pas planté là devant cette fenêtre." Il faut regarder autre part. Vers un ailleurs qu’on nomme littérature.
Frigyes Karinthy, La ballade des hommes muets (traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy), Editions des Syrtes, 2005, 223 pages, 17 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.