Musique
Le 18 juin 2002
Petite carte de la vie tumultueuse de la superstar.

- Artiste : Bowie, David

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À quelques jours des trente ans de Ziggy Stardust, Bowie revient avec un nouvel album. Bonne occasion pour dresser une carte de la vie tumultueuse de la superstar.
J’avais douze ans. Comme chaque année en février, j’allais en vacances chez mon oncle. Toujours avide de développer ma culture musicale, il me préparait un parcours initiatique afin de me faire sortir des éternels Renaud, Cabrel ou Goldman. Et cette année-là, le choc fut plus que violent. En quinze jours il m’emmena dans le monde de Brian Eno, Peter Gabriel et surtout me mit face à la montagne Bowie. La pochette de Heroes en main, je découvris ce phénomène, mi-homme, mi-femme, au regard si particulier.
J’appris longtemps après que sa particularité était due à une simple bagarre dans une cour d’école de Brixton. Ces yeux vairons, si spectaculaires et tellement énigmatiques, à l’image de sa personnalité. Véritable caméléon, Bowie n’a de cesse de marquer les générations et les décennies. Hors du temps, il sera tour à tour défricheur lors de la trilogie berlinoise, inventeur d’un concept album jusqu’ici jamais égalé, quinquagénaire expérimental ou enfin père zen.
Phénomène depuis les années soixante, Bowie restera longtemps fidèle à une ligne de travail mixant théâtre, littérature et musique. Après des débuts tumultueux et cocaïnés à Los Angeles, il part pour Berlin en 1977. Premier virage de sa carrière. Berlin, ville de conflit et d’antagonisme. Il y trouve le stress et la tension pour sortir, associé à Tony Visconti, le révolutionnaire Low. Qui sera suivit de Heroes et Lodger. Bowie aura toutes les peines du monde à donner une suite à cette terrible trilogie. Les années 80 de Tin Machine seront assez décevantes, il pèche par manque de folie.
Mais Bowie est indestructible. Après dix ans de somnolence, il revient en 1995, associé à son compagnon de toujours, Brian Eno, avec un album osé et expérimental, Outside. Premier pas de l’électronique dans la pop-rock, il sera suivi deux ans plus tard par Earthling. Plus puissant et plus abouti, il atteint ici un sommet dans la rencontre des machines et du rock. Enfin, il finira le millénaire avec les compositions intimistes de Hours, qu’il considère lui même comme un recueil de chansons et non comme un disque réellement structuré.
Lassé par les albums concepts et leurs contraintes narratives et théâtrales, Bowie tourne définitivement une page en ce début de millénaire et revient au songwriting avec Heathen. Bonne nouvelle, le magicien, après bientôt quarante ans de carrière, n’est pas fatigué. Vivement la suite.