L’opéra - la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : C’est un peu un inventaire à la Prévert : des repasseurs, un directeur au téléphone, des grèves, des conflits, de la sueur, un président de la République, des enfants-musiciens, un couloir infiniment arpenté, Moïse et Aaron vu des coulisses, et même un taureau bénéficiant d’une convention collective. De quoi s’agit-il ? D’une ville à l’intérieur d’une ville, d’un monde clos qui a ses lois, inconnues du public ; c’est qu’en s’immergeant un an et demi dans l’Opéra de Paris,

Copyright Fidelio pour Le Cercle noir

Jean-Stéphane Bron a saisi détails infimes et grandes décisions de manière étonnante : tout se passe comme si les caméras étaient invisibles, ce qui lui permet d’enregistrer ce qu’il y a de secret. On a l’impression d’assister au plus près, en témoin privilégié, à des moments souvent denses et qui prennent leur sens par la juxtaposition. En effet, le cinéaste a choisi une structure éclatée en courtes séquences dynamiques, d’où un sentiment d’omniprésence ; néanmoins, rien ici d’abstrait, parce que Bron humanise son film en s’attachant à des personnes choisies, dont un chanteur non francophone qui devient un peu son alter-ego dans la découverte de l’opéra (il avoue dans les bonus n’y avoir jamais mis les pieds avant le tournage).

Copyright Fidelio pour Le Cercle noir

En refusant tout commentaire et toute explication, il parvient aussi à rendre la tension, les petites joies et peines, par la simple force de l’enregistrement. Il montre également la complexité d’une organisation monstrueuse et interdépendante : tout le monde a un rôle, défini et pointu. Bien sûr, chacun aura ses moments préférés, d’autant que l’émotion n’est pas absente. Pour notre part, malgré l’intérêt indiscutable de la logistique, c’est bien dans les séquences de chants (répétition et représentations) qu’un frisson nous a parcourus. Il vaut mieux à vrai dire aimer l’art lyrique pour apprécier le film, mais les néophytes seront stupéfaits par l’énormité de la machine nécessaire à ce fonctionnement. Curieux, instructif, plaisant, L’opéra vaut par son regard panoptique et neuf, au plus près de l’humain. Et incontestablement, le voyage vaut le détour.

Les suppléments :
Outre l’entretien avec le cinéaste, qui parle de ses intentions et des conditions de tournage sans être très passionnant, le Blu-ray propose quatre séquences supprimées, qui prolongent le plaisir du film mais sont loin d’être indispensables.

L’image :
Une précision de haute tenue, un respect intraitable de l’image et de son esthétique documentaire. Que du bon.

Le son :
Bien sûr, les paroles échangées sont claires, compréhensibles. Mais c’est évidemment dans les moments musicaux qu’on apprécie la finesse des deux pistes (DTS-HD 2.0 et 5.1) : l’orchestre sonne magnifiquement, les voix et les chœurs sont d’un beau naturel et d’une puissance réjouissante.