Le 9 mars 2025
Arlette Bouloumié a sélectionné les lettres de Michel Tournier parlant du métier d’écrivain ou de ses autres travaux artistiques. Didier Decoin a écrit la préface de cet ouvrage qui nous dévoile le romancier sous un nouveau jour. Une correspondance qui se lit avec beaucoup de plaisir.


- Auteur : Michel Tournier
- Collection : Blanche
- Editeur : Gallimard
- Genre : Correspondance
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 7 novembre 2024
- Plus d'informations : Site de l’éditeur

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Résumé : « L’invention de l’écrivain par lui-même, lettres à Hellmut Waller 1962-2012 » réunit la majorité des lettres que Michel Tournier a écrites et envoyées à son ami allemand Hellmut Waller sur une période de cinquante ans.
Critique : Michel Tournier a connu Hellmut Waller lors de ses études, après la guerre, à Tübingen, en Allemagne. Il a repris contact des années plus tard avec lui et les deux hommes ont entretenu pendant cinquante ans des échanges épistolaires. Hellmut Waller devint même le traducteur en allemand des livres de Michel Tournier.
Les lettres sélectionnées ici abordent les thèmes de l’écriture, des voyages, des rencontres ou encore de la documentation.
On apprend ainsi que Michel Tournier aimait beaucoup découvrir le vaste monde, qu’il détestait l’hiver, qu’il adorait la photographie au point de créer une émission radiophonique sur cet art et qu’il travaillait également pour la télévision.
Il se plaignait souvent que ses autres missions professionnelles et ses déplacements liés au succès de Vendredi ou les limbes du pacifique l’empêchent de se consacrer pleinement à l’écriture. Plusieurs fois, il essaya de s’isoler du monde, mais n’y parvint pas.
On suit l’évolution de l’auteur et l’on s’aperçoit que chaque œuvre le transforme. Tournier le répète souvent au cours des échanges, sans qu’on perçoive ces modifications à la lecture. Mais on peut comprendre aisément que des changements adviennent, car un roman lui demande beaucoup de temps, parfois des années, en raison de ses très nombreuses activités qui incluent des passages par la radio, par la télévision, la rédaction d’articles de journaux...
On prend ainsi conscience de ces difficultés qui ralentissent le processus créatif. En outre, Michel Tournier réunissait énormément de documentation pour ses romans. Il consacrait aussi du temps à relire et corriger les traductions que lui soumettait Hellmut Waller.
On se rend compte également que la vieillesse ne tourmentait pas l’auteur qui jalonnait son existence d’années marquantes, comme le passage à la cinquantaine ou l’âge qu’avait son père au moment de sa mort. Le temps passe, mais Tournier est heureux que son métier d’écrivain le fasse vivre, tout en goûtant d’autres activités comme le jardinage. Toutefois, les voyages l’épuisent, dont il a profité, et, peu à peu, il manifeste son désir de les restreindre.
Dans ce recueil sont regroupées les lettres Michel Tournier que adressait à Hellmut Waller. Nous n’avons pas les réponses de ce dernier. Les deux hommes eurent une correspondance écrite, mais aussi vocale par l’intermédiaire de cassettes enregistrées. Ces échanges oraux sont regroupés dans un autre livre : Lettres parlées à son ami Allemand Hellmut Waller (1967-1998).
L’invention de l’écrivain par lui-même, lettres à Hellmut Waller 1962-2012 est un très bon moyen de découvrir la manière dont le grand romancier se percevait lui-même et comment il vivait son travail d’auteur.
24 pages – 20,50€