Critique : Comme à son habitude, Ragnar Jónasson manie subtilement l’écriture du polar, tout en variant le style au fil de ses ouvrages. Qu’il est plaisant, pour un livre de ce genre, de ne pas être orienté dans toutes les directions par de faux suspenses et autres sombres tourments des protagonistes. Ici, les enquêtes avancent presque simplement, sans tomber pour autant dans la facilité. On pourrait même qualifier ce polar de rafraîchissant, tant l’air islandais de ces contrées sauvages nous parvient au gré des pages.
De plus, la chronologie inversée de cette trilogie ne rend que plus attachante la protagoniste Hulda, malmenée par une existence où le vide s’insinue petit à petit. Les émotions, décrites avec justesse, ne tendent jamais vers le pathos : on retrouve ici l’âme des premiers auteurs islandais du temps des sagas, où l’affect mis au second plan laissait toute sa place au déroulement de l’histoire.
Ainsi, la quête individuelle de l’héroïne à la recherche de son père semblerait anecdotique, s’il ne flottait pas une atmosphère de tendresse autour du personnage. Et c’est en cela que Ragnar excelle. Il plonge le lecteur dans une ambiance étrange dès les premières pages, déroule ensuite un récit droit et maîtrisé.

Vite, le tome 3 !