Le 7 octobre 2024
- Scénariste : Kamel Khelif>
- Dessinateur : Kamel Khelif
- Genre : Guerre, Témoignage, Deuil, Congo
- Editeur : Le Tripode
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 5 septembre 2024
Récit d’un massacre auquel un homme survit, mais qui ne peut s’oublier ni dans la chair ni dans le cœur.
Résumé : À travers 48 planches, alternant texte et image, Kamel Khelif, transmet l’histoire de N’Diho Monozande. Un homme qui a vu en 2008, au Congo, sa femme et ses huit enfants se faire assassiner par un groupe armé. Lui-même laissé pour mort, il survit et doit apprendre à vivre avec cette déchirure. Cet album est son témoignage.
Critique : Ce récit est à l’origine un projet développé en 2014 dans le cadre de l’exposition Conflict Time Photography de la Tate Modern de Londres qui offrit une carte blanche à Kamel Khelif. Cet artiste fit alors le choix de présenter le témoignage d’un homme, congolais, survivant d’un massacre dont le nom donne à l’album son titre : Monozande. En 2024, la maison d’édition Le Tripode choisit de faire entrer le travail de Kamel Khelif dans son catalogue en proposant trois parutions, dont ce récit graphique.
C’est le récit d’une déchirure plus qu’une blessure qui est narrée à travers ces planches. Voir mourir ce qu’on aime et rester soi-même en vie, comment vivre après une telle épreuve. Avec une souffrance qui ne peut cesser de hanter les jours d’après qui suivent et se succèdent. Des jours et des mois d’errance, à travers des camps de réfugiés et la recherche d’une lumière dans le noir de ces journées ou tout est encore ensanglanté.
Extraits du livre "Monozande" de Kamel Khélif. (© Editions Le Tripode)
La violence présente dans le récit n’est pas esthétisée, mais se dévoile à partir du cœur d’un homme blessé. Cette violence est assassine et lancinante. Elle se transforme en souffrance qui n’exclut pourtant pas les rêves, mais qui ne fait pas disparaître le chagrin.
L’album ne fait que 48 pages, mais la puissance des textes ressemble à une prose de douleur et les images ont une force incantatoire sachant transcrire l’indicible. Le noir domine dans le dessin, mais ne s’impose pas. Le dessinateur qui maîtrise la matière de la peinture, ouvre la voie à tout un nuancier de gris. Son trait est réaliste, rapprochant le lecteur de l’homme qui est au centre de ce récit graphique.
Extraits du livre "Monozande" de Kamel Khélif. (© Editions Le Tripode)
Kamel Khelif est un dessinateur né à Alger vivant depuis les années 1960 à Marseille. Lui aussi, connait donc une déchirure, un exil, de l’Algérie à la France. Le dessin puis la peinture sont venus dans sa vie comme une forme d’expression et de rapport au monde. Dans un entretien sur le site d’une autre maison d’édition avec lequel il a collaboré, les éditions Frmk, Kamel Khelif dit « Il y a la beauté, il y a aussi des cimetières à côté. Les deux existent et il faut dessiner les deux ». Cette intention, portée par l’artiste, est au cœur de ce récit-témoignage. Ce livre est aussi une œuvre de mémoire pour l’histoire d’un pays qui fut la proie à de conflits internes et meurtriers.
48 pages -13,90 €
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