Orc Stain . T.1 - La chronique BD

Fantasy burlesque ou farce épique, Orc Stain est probablement tout à la fois. Il fallait une sacré paire de c****** pour inventer un monde fait de phallus, déclinés dans toutes les dimensions, afin de mieux modéliser l’outrance et la sauvagerie de cette race orque, symbole barbare et frustre. Cette série a définitivement scellé cette idée un peu bizarre, jouant sur des décors, des codes, des pouvoirs et des créatures qui vont bien entendu au-delà de cette simple métaphore, construisant un scénario à la Willow, avec un héros en forme d’ado un peu blasé, mais qui peut se targuer d’un pouvoir plutôt original et sympathique. À l’aide de son marteau ou d’un objet quelconque, il sait appuyer au bon endroit, pour tuer, détruire ou ouvrir n’importe quoi. Connaître le point de rupture de chaque chose, une belle métaphore (à nouveau) pour un personnage principal finalement plutôt voué au chaos et au désordre, mais dans un sens étrangement positif. C’est un joli pied de nez au parcours héroïque classique et habituel, qui sera ici tout sauf linéaire, et qui promet des aventures ébouriffantes et brutales, avec des personnages primitifs d’aspect mais finalement plutôt complexes, une fois le premier aperçu passé. Sachant qu’il s’agit d’un premier tome, sa cohérence et son côté virevoltant qui décline parodie et fantasy apparaît rafraîchissant.

© Casterman

Le dessin n’est pas étranger à cette impression de liberté, avec des allusions, des représentations et des noms qui partent dans tous les sens, le sexe s’intégrant partout, discret ou grossier, toujours avec humour et sans jamais être dégoûtant. Aucun érotisme en effet, plutôt une volonté de décrédibilisation, de banalisation franchement bienvenue dans une société où L’Origine du monde peut être censurée sur les réseaux sociaux. Aucune revendication, sinon celle de la liberté, avec des couleurs farouches, tranchantes, toujours en tourbillon pas toujours assorti, où le vert, le rose et le mauve se côtoient, presque se mélangent. Pour autant, cela forme un monde, avec des paysages, des auberges, des costumes, des peaux bariolées, plus criardes que caressantes, comme un bâtard bizarre qui serait né de Warhammer et My Little Pony. Caustique, le graphisme est tout simplement excellent, jubilatoire et original.

© Casterman

La grande force d’Orc Stain, c’est que ce comic a su s’appuyer sur un sens parfois oublié du terme « fantasy ». Son ambiance délurée et ses rebondissements colorés en font une œuvre déjà incontournable et surtout drôle.