Le 14 juin 2021
Le récit d’une descente aux enfers qui conduit à la folie. C’est sans doute le chemin inéluctable que prendrait toute personne nantie du don de télépathie. Malheureusement, le roman de Dan Simmons se perd dans trop de directions à la fois, explorant tous les genres sans en maîtriser le fil. L’auteur nous a habitués à beaucoup mieux.
- Reprise: 29 avril 2021
- Auteur : Dan Simmons
- Editeur : Pocket
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Monique Lebailly
- Titre original : The hollow man
- Date de sortie : 1er mai 1994
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Jeremy et Gail partagent la même capacité, celle d’être perméables aux pensées des autres. L’un, l’autre, ils se servent de boucliers, étant ainsi protégés de la fureur du monde.Jusqu’au jour où Gail succombe à un cancer, laissant alors Jeremy fuir le monde, embarqué malgré lui dans une histoire de meurtre. Au fur et à mesure de sa fuite, il explore à la fois toutes les facettes de l’âme humaine sans jamais abandonner sa recherche scientifique pour comprendre le phénomène dont il est victime.
Critique : Hypérion, Olympos, L’échiquier du mal, Terreur… autant de romans sortis de l’imagination remarquable de Dan Simmons, qui, forcément, placent la barre à des sommets. Malheureusement, L’homme nu ne parvient pas à la hauteur des attentes. Le titre semble déjà mal traduit, car Hollow man, l’intitulé original, comporte davantage de complexité que sa translation française, bien loin des enjeux du livre. Il s’agit très certainement d’une référence au fameux poème de T.S Eliot, prix Nobel de littérature, Les Hommes creux, texte cité à plusieurs reprises dans Apocalypse Now). Dans cette œuvre, les personnages suivent un voyage spirituel vers un autre monde. Le protagoniste, dans sa fuite de la société, dont les bruits l’épuisent, est lui aussi en quête d’un autre silence.
Jeremy Bremen représente la figure même de l’auteur (comme souvent avec les personnages de Dan Simmons), qui aime à s’interroger sur la littérature, et qui tente de saisir les pensées des personnes qu’il rencontrent, pour mieux appréhender leur univers. Seulement Bremen a un problème : il ne peut pas arrêter son « écoute », les pensées viennent à lui dans un brouhaha incessant, depuis le décès de Gail. Il n’a donc pas d’autre choix que la fuite, conforté par le chagrin et les souvenirs dont il veut à tout prix s’éloigner. Si sa femme reste auprès de lui et nous accompagne pendant tout le livre, c’est grâce aux réminiscences, les mêmes qui retracent le fil des recherches scientifiques et cherchent à comprendre le phénomène dont il est victime. Mathématicien, il cherche à appréhender par la rationalité ce flot de réflexions et à en mesurer l’impact. Cela donne quelques passages de science-fiction dure. Le lecteur peut se contenter d’une compréhension superficielle, car le sujet n’est pas là.
En fuyant la maison où il fut heureux avec Gail, Bremen entame un voyage dans les bas-fonds de l’Amérique, où se révèlent les instincts de violence et d’horreur. D’abord témoin d’un meurtre, puis confronté à la violence de la rue, à la monstruosité d’une fermière dérangée et perverse, le protagoniste semble se confronter à tout le mal de la société moderne. L’accumulation égare parfois, même si l’on peut penser que l’auteur propose là une métaphore de la face sombre d’une société lisse : le crime, la misère, l’isolement et les conséquences violentes qui en résultent font aussi partie du monde actuel. Mais dans ce récit déjà riche d’une seule idée, l’aventure est quelque peu éprouvante à la lecture.
La fin de l’intrigue est tout aussi irréaliste que le reste des événemtns et l’on a du mal à se laisser emporter par son onirisme. En voulant mêler la science-fiction, le thriller, l’horreur, la romance et le roman sociétal, Dan Simmons se perd dans son écriture, ne parvenant pas à une oeuvre homogène et réussie. Si le roman n’est pas totalement déplaisant, les thèses exposées s’oublient ici rapidement après la lecture, nous laissant à la porte de cet autre champ des possibles.
400 pages
8,40€
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