Adieu veaux, vaches, cochons...
Le 21 juin 2005
Absurde, ironie et désespoir. D’une prose pleine de naturel, Joël Egloff raconte le quotidien d’un pauvre type bossant dans un abattoir.
- Auteur : Joël Egloff
- Editeur : Buchet-Chastel
- Genre : Roman & fiction
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Un petit roman mêlant absurde, ironie et désespoir. D’une prose pleine de naturel, Joël Egloff raconte le quotidien d’un pauvre type bossant dans un abattoir, dans un environnement qui fait froid dans le dos. Ecolos de tous les pays, réveillez-vous !
Voilà bien le genre d’endroit où personne ne voudrait habiter. Imaginez un no man’s land coincé entre un aéroport, des voies ferrées et une décharge à ciel ouvert, bordé par une rivière aux reflets curieusement irisés, un ciel dans lequel flottent les émanations toxiques des usines, couvert en permanence par une brume inquiétante... C’est pourtant le lot des personnages imaginés par Joël Egloff, en particulier ce narrateur un peu simplet qui ne désespère pas de fuir cette banlieue contaminée pour un ailleurs forcément plus agréable.
Il bosse aux abattoirs, charrie de la bidoche à longueur de journée, respire l’odeur du sang et de la mort, pique des abats en les planquant dans son slip pour les ramener à sa grand-mère. Il ne s’en plaint pas même s’il attend "la fin de la semaine avec autant d’impatience que des marins attendent la côte". Dans un endroit pareil, c’est déjà bien d’avoir un travail et quelques collègues, aussi à plaindre que lui, aussi miséreux et résignés. On fait avec, avec ces champignons qu’on ramasse malgré le poison, ces poissons aux formes étranges qu’on cuisine, le vacarme des avions tout près dans le ciel. Toujours en espérant s’échapper, un jour, quelque part, ailleurs...
S’il ne maniait pas aussi habilement l’humour noir et l’ironie, Joël Egloff aurait pu écrire un roman apocalyptique et sombre. Mais, et c’est bien pour ça que ce récit fait sourire, il allie brillamment poésie et absurde à travers les yeux d’un personnage qui inspire autant de compassion que de sympathie. C’est un morceau d’humanité empreint d’une étonnante simplicité qu’il raconte, l’existence vouée à l’échec d’un personnage qui se résout à vivre au travers d’ambitions folles et irréalisables. Mais le tout est relaté avec tant de naturel qu’on en vient à espérer avec ce pauvre bougre, dans une prose qui s’écoule avec bien plus de clarté que l’eau de la rivière dans laquelle il s’est toujours baigné.
Joël Egloff, L’étourdissement, Buchet-Chastel, 2005, 142 pages, 14 €
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