Le 25 janvier 2025
- Scénariste : Jim Bishop>
- Dessinateur : Jim Bishop
- Genre : Drame, Horreur
- Editeur : Glénat
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 15 janvier 2025
Jim Bishop mobilise les codes de l’horreur pour livrer un récit surprenant et riche en métaphores sur le passage à l’âge adulte.
Résumé : Jacques, dit « le boutonneux » en raison de son acné, a tout du loser dans son collège : une famille recomposée et dysfonctionnelle, des résultats scolaires particulièrement médiocres, peu d’amis et un manque total de style, selon les critères de ses camarades qui n’hésitent pas à le harceler. Durant l’année scolaire, il est convoqué chez le conseiller d’orientation, l’effrayant Marano, avec une autre élève : Myriam, dite Mims. Le conseiller leur donne un ultimatum : où leurs résultats scolaires remontent de façon à passer l’année scolaire, où leurs parents seront obligés de les tuer. S’ils prennent d’abord cette perspective au second degré, les deux adolescent voient l’attitude de leurs parents changer dangereusement… La menace serait-elle bien réelle ? Cette perspective angoissante rapproche Jacques de Mims, qui se découvrent une passion commune pour le manga et le dessin.
Critique : Après Lettres perdues (2021) sur le deuil et Mon ami Pierrot (2022) sur les relations amoureuses toxiques, L’enfantôme clôt ce que Jim Bishop nomme sa « trilogie de l’enfant ». Après avoir mobilisé le conte dans ses précédents récits, le dessinateur pioche dans le registre de l’horreur pour parler de l’échec scolaire et des attentes sociales du monde des adultes – lui-même profondément dysfonctionnel – et du difficile passage à l’âge adulte, qui implique la perte d’une forme d’innocence. L’horreur provient des adultes : ce sont eux qui menacent de tuer les deux adolescents qui n’entrent pas dans le moule social et pour survivre, nos deux héros n’ont d’autre choix que de s’y conformer. L’école, comme la famille, apparaissent comme des carcans qui étouffent l’enfance. Les deux personnages abandonnent ainsi ce que Bishop appelle avec poésie leur « enfantôme », c’est-à-dire leur âme d’enfant. Le récit fait monter l’angoisse de façon assez classique, en multipliant les situations étranges, avant de franchement nous surprendre dans une deuxième partie qui justifie le titre de l’album.
- © Jim Bishop / Glénat
On devine sans mal que l’auteur s’inspire de son vécu pour créer son héros, passionné de dessins au début des années 2000, rêvant de devenir gérant d’un magasin de jeu vidéo, et qui ne trouve pas sa place parmi ses pairs. Seule une autre « freak », Mims, lui accorde une réelle attention, car elle-même cultive une allure punk et rejette le conformisme.
- © Jim Bishop / Glénat
Sur le plan graphique, Jim Bishop emprunte aux maîtres japonais de l’horreur certaines idées, comme la multiplication des yeux ou ces corps qui se déforment. La rondeur des figures reprend également les codes du manga. Mais s’il se réapproprie certains codes, Jim Bishop les met au service de son propre style, fondé sur une grande lisibilité des planches – par l’intermédiaire d’une mise en couleur en aplats – et de métaphores graphiques (le fantôme) et de références culturelles de son enfance, qui inscrivent vraiment l’album dans le champ européen.
Comme tout bon récit d’horreur, L’enfantôme dérange et véhicule un message qui nous laisse pensif – pour ne pas dire qu’il nous hante – une fois le livre refermé. Le signe d’une histoire réussie.
224 pages – 22,5 €
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