L’écluse – Philippe Pelaez, Gilles Aris - la chronique BD

Critique : Ce récit complet nous offre un ambiance lourde. Octave, le fils de l’éclusier, a du mal à parler, il a atrocement peur de l’eau. Il est la risée du village. Heureusement, il reste quelques âmes charitables, comme Fanette, la fille du charcutier. Ce petit monde vit à son rythme, et la découverte d’une nouvelle noyée près de l’écluse accentue la méfiance des uns et soulève la colère des autres. Octave semble le coupable idéal, mais Fanette n’y croit pas un instant. Alors qui assassine ces filles ?
L’enquête semble piétiner, gênée par les réactions excessives des villageois. Nous sentons bien qu’Octave n’est pas coupable, mais qui pourrait le prouver ?
Philippe Pelaez marche sur des œufs en jonglant avec les codes du genre. Il parvient à nous étonner et à rendre cette histoire vraiment oppressante. A chaque page, on s’inquiète pour ces personnages auxquels on s’attache au fur et à mesure de la lecture. Car on se rend compte qu’il n’y a pas de héros. Tout le monde peut devenir le faux coupable, finir injustement en prison, être agressé, voire mourir. Et il se pourrait même que l’on ne trouve jamais le véritable assassin...

Gilles Aris / Grand Angle

Gilles Aris ajoute par son graphisme une touche sombre à l’atmosphère pesante du récit. Ses personnages marqués, son utilisation du noir, cette force du rouge pour contraster avant-plan et arrière-plan, ce ciel jamais vraiment bleu : tout est fait pour accentuer la pression sur les habitants de Douelle et sur nous. La composition des planches jouent souvent sur la verticalité avec des cases étirées en hauteur, renforçant l’inquiétude.

L’écluse est un petit polar qui vise juste. Intrigue simple, ambiance poisseuse, inquiétude sous-jacente, tout pour nous tenir en haleine pendant la lecture.