L’adversaire - Nicole Garcia - critique

Critique : Dix-huit ans de mensonge. On pourrait résumer la vie de Jean-Claude Romand de cette manière. Derrière cette illusion se cache un fait divers impensable, inenvisageable même pour un scénariste à l’imagination fertile. Un homme ment à ses proches pendant des années, se faisant passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la santé, et finit par les tuer lorsque la vérité s’apprête à éclater. Cet homme, aujourd’hui interné, a fait l’objet d’un livre, L’adversaire d’Emmanuel Carrère, dont s’inspire librement Nicole Garcia.
"Un mensonge qui fait ses preuves assez longtemps devient réalité". Cette citation de l’écrivain Tonino Benacquista pourrait s’appliquer à Jean-Marc Faure, personnage littéralement habité par Daniel Auteuil. Rétrospectivement, on se demande bien quel autre acteur aurait pu interpréter cet être si grave, sans sombrer dans le maniérisme. Auteuil prête ses traits avec une retenue rare, une intelligence de jeu qui rend la tristesse de Faure presque palpable.
Bien sûr, son talent serait presque vain sans la réalisation au rasoir de Nicole Garcia. Cette caméra, symbole de l’intrusion dans l’univers fictif de Faure, laisse prédominer l’objectivité des faits. Garcia ne juge pas son personnage, mais tente d’approcher une pathologie que l’on croit inaccessible. Cependant, les gros plans sur le visage contrit de Faure nous accordent le droit de penser que la réalisatrice compatit également devant l’horreur. Aime-t-elle son "héros" ? Sans doute pas, même si elle le filme, à certains moments, tel un gamin refusant d’avouer sa faute.
L’adversaire est un film âpre, dont l’épilogue devrait en révulser plus d’un. Il est pourtant nécessaire de le voir, ne serait-ce que pour entrevoir l’absurdité qui anime certains de nos actes ; une folie autodestructrice sans commune mesure dans ce cas présent.
Les suppléments, à l’image de l’affaire Romand, reste incompréhensibles. Est-ce bien nécessaire de réunir dans une salle de projection Nicole Garcia, Emmanuel Carrère et les deux scénaristes de l’adaptation pour une interview collégiale confuse ? On aurait aussi bien préféré qu’ils s’expriment plus longuement dans un commentaire audio.

Le DVD

– Edition 1 DVD
– Format cinémascope 2.35
– Chapitré
– Couleur
– Audio français, Dolby Digital 5.1