Gauche pétard
Le 30 août 2005
Retour gagnant pour le jeune écrivain belge, légèrement assagi mais toujours aussi percutant.
- Auteur : Thomas Gunzig
- Editeur : Au diable vauvert
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Gunzig balaie des thèmes inscrits dans l’air du temps pour livrer un roman dont lui seul a le secret.
A première vue, ceux qui aiment Thomas Gunzig risquent de crier au scandale. Mais où est passée la folie douce de leur auteur de prédilection ? Vers quels cieux se sont envolés les personnages improbables de Gunzig, ceux que leur petit grain légendaire rend si authentiques et tordants ? A la lecture de Kuru, on sent que l’écrivain s’est astreint à une discipline de fer pour ne pas déborder d’un cadre soigneusement délimité, qu’il a lutté pour ne pas céder aux sirènes de la sortie de route. Résultat, ce roman est empreint d’une sagesse formelle de laquelle rien ne dépasse. S’agit-il, selon la formule consacrée, du roman de la maturité ? Peut-être bien...
Voici l’histoire de plusieurs trentenaires (ou presque) qui se cherchent. Fred, éternel étudiant vivant aux crochets de son père, est amoureux de sa cousine Katerine, mariée à un type plein aux as (mais aussi éjaculateur précoce, l’argent ne fait pas le bonheur !). Pierre et Kristine sont des amis proche de Fred, militants altermondialistes, décidés à en découdre pour se faire entendre. Gravite également autour de ce beau monde un certain Pierre, clone improbable fait de bric et de broc, enfant d’expériences scientifiques ratées. Entre réunions politiques pour les uns et séjours en hôtels de luxe pour les autres, cette ribambelle de personnages finira par se retrouver à Berlin, lors d’une réunion du G8.
Et le style alerte de Gunzig file à une vitesse supersonique, emportant tout sur son passage, comme un train lancé sur des rails montés sur ressorts. Gunzig maîtrise parfaitement son torrent verbal, tantôt écume bouillante, tantôt cours tranquille. On rit, on vibre, on s’apitoie et on frissonne. Alors oui, assurément, la structure de ce récit est extrêmement travaillée, mais elle rend encore plus brillante cette prose décapante. Le deuxième roman de cet adepte de la nouvelle s’était fait attendre mais Kuru confirme bel et bien que Gunzig est à l’aise dans tous les registres.
Thomas Gunzig, Kuru, Au Diable Vauvert, 2005, 272 pages, 19 €
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