Le 26 juin 2017
L'a écouté
Veut l'écouter
- (C) Capitol Records
C’est le flop qui rend l’album Witness probablement le plus intéressant. Oui, en France, on ne s’en rend pas compte puisque Katy Perry n’a jamais été immense et que son dernier opus, aidé par le passage de la star à un télé-crochet, fonctionne plutôt bien, mais aux USA et ailleurs, le successeur de Prism connaît une déconvenue, malgré une première place aux sommets des charts américain qui rend la réalité plus troublante. Playlists en berne sur Spotify, ventes sur Itunes qui dégringolent… La plus grande vendeuse ricaine avec Taylor Swift, reine des singles à la chaîne (au moins 6 par albums), n’arrive plus à classer un single dans le top 10 local. La star aux huit numéros 1 n’a été que 4e sur son territoire avec Chained to the rythm (à peine classé 15 jours dans les dix premiers), Bon appétit, malgré son tempo urbain et des vues importantes sur YouTube, est l’échec de sa carrière en 59e place, et Swish Swish n’a guère fait mieux, avec un minuscule 46, malgré la présence en featuring de la Minaj.
Pourquoi l’affront fait à la nouvelle blonde ? Des propos féministes, politiques anti Trump, un gentil fond anticapitaliste (Chained to the Rhythm) ? Une sexualité explicitée sur ses titres (ah, Tsunami et Bon Appétit !) ? Un changement de look radical en conséquence (l’ancienne Marie va-à-l’Eglise est devenu un clone de Madonna peroxydée à l’époque de Papa don’t preach et de Miley Cyrus, période Wrecking Balls) ? Une pochette surréaliste et grotesque empruntée à l’iconographie gore de American Horror Story et de l’anthologie fantastique Theatre bizarre ? Une promo intrusive conviant l’internaute à la suivre pendant 72 heures sur YouTube ? Sa rivalité incessante avec Taylor Swift sur qui elle a écrit Swish Swish ?
C’est un peu tout cela en fait et les critiques qui l’estimaient comme un teen-product inoffensif aux USA ont sorti les couteaux de boucher pour dévorer sa notoriété, bien décidés à lui faire traverser le désert. Des flops de diva pop, beaucoup en ont connu dans leurs carrières. L’obsédé Erotica de Madonna, le pompeux Artpop de Gaga ou le foireux Bionic de Christina Aguilerra ont marqué l’histoire de la pop avec des contre-performances qui ont coûté cher en production et marketing et qui ont ré-orienté les carrières des vedettes. Aguilerra ne s’en remettra pas.
Dix jours après la sortie de son album, Perry est déjà hors du top 50 des meilleures ventes d’album sur Itunes Amérique. Les radios refusent de valider cet album mainstream. Ce 26 juin Perry n’a aucun single dans le top 50 des titres les plus diffusés, contrairement à Gaga (The Cure, sans clip, se positionne en 22e place), Sia, Ariana Grande, Rihanna, Zayn et Taylor Swift (l’ennemie mortelle de la belle qui balança son catalogue sur Itunes le jour de la sortie de Witness pour alimenter la guerre), Miley Cyrus, Selena Gomez ou encore Halsey.
Cosmopolitan Magazine ne s’étonne guère de l’échec de l’album et égrène les éléments perturbateurs dans la promo, Marie Claire ironise en révélant que 1989 de Taylor Swift a été plus streamé que Witness la même semaine, le magazine Forbes, spécialiste du business américain s’intéresse de près au psychodrame consacrant au moins un article par mois à l’échec commercial de ce retour pourtant annoncé en 2016 par l’accueil mou de l’hymne olympique Rise.
Mais quid de la qualité de l’album. Après quinze jours d’écoute, l’album ne manque pas d’atouts. La facilité pop de ses prédécesseurs, notamment de Teenage Dreams, est peut-être moins évidente, mais toutefois réserve quelques bons points, notamment le titre éponyme qui ouvre l’album Witness, à la simplicité de production qui en fait un titre accrocheur, ou encore Miss you more, qui ne manque pas d’ampleur. Chained to the Rhythm et sa mélodie eighties est toujours un délice malgré des mois d’écoute sur nos ondes.
D’autres étendards comme Déjà vu, Power ou Tsunami soignent la prod’ mais manquent de mélodies solides ou ne nous épargnent pas le gnangnan d’antan (le futur single Save as draft). C’est dans l’électro synthé pop que l’album assure le plus, avec le risque de déplaire aux milléniaux qui auront grandi avec elle. Le Robyn-esque Swish Swish ou la copie de Snap, l’électrisant Roulette que l’on peut envisager en boucle, donnent une ambiance nineties à l’ambiance dance-floor. Idem pour Mind Maze au jeu de voix vocodé, mais diablement sinueux.
Cette émancipation partielle des thématiques adolescentes à l’imagerie toujours fournie n’est sûrement pas ce que l’ont peu qualifier d’album de la maturité, mais nonobstant, demeure le plus abouti de la star qui peu à peu, à 30 ans, s’éloigne enfin de l’adolescence.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.