Kalin bla lemsnit dunefl labyanit

Toujours un pied dans l’étrange et l’autre dans la chanson, Nosfell livre son véritable premier album studio. Intéressant.

L’album Pomaïe klokochazia balek sorti en 2004 est né de la scène. Aucun des morceaux n’avait été préenregistré en studio et le résultat à mi-chemin entre la volonté de ne pas trahir la densité des performances live et celle d’user des arrangements technologiques mis à disposition, avait finalement été décevant surtout pour ceux qui avaient découvert le groupe sur scène. Nosfell n’avait pas choisi. Pour l’enregistrement de Kalin bla lemsnit dunefl labyanit (pourquoi faire simple...) le chanteur klokobetz s’est libéré de cette schizophrénie, et de bien d’autres. Si on retrouve la même équipe que pour l’opus précédent (la collaboration plus serrée de son alter ego Pierre le Bourgeois et d’Édouard Bonan à la production), la procédure créatrice a été bien différente. Après une première sélection d’une trentaine de titres, quinze ont été choisis avant de passer au travail studio ce qui a certainement permis une vision d’ensemble et d’accorder au projet une cohérence qui faisait défaut à Pomaïe... dans lequel on pouvait trouver pour chaque morceau des influences multiples. Le travail de Dominique (B)russon (qui a notamment travaillé avec Dominique A) au mix final n’est certainement pas étranger à ce changement. Cette fois, si l’album propose plusieurs facettes, les titres affichent une cohérence bienvenue. Pour exemple cinq titres sont en anglais, deux en français et sept en klokobetz (la langue de Nosfell, non non pas Roswell, Nosfell). Fini les mélanges intempestifs au sein d’une même chanson. Les ruptures de rythmes sont plus douces et moins fréquentes. Günel a même des élans Beatles avec une contrebasse masquée par des pas multiples et martiaux. Des ajouts de saxophone, de batterie (Your elegant hat) ou d’harmonica (Oh ! it’s been a long time...) sont bien incorporés à la pâte torturée de Labyala. Nosfell reste l’homme de la musique bigarrée et enfantine, des ambiances médiévalo-électriques, une curiosité possédée par la marque du Günel.