Romancier et nouvelliste, Jean-Paul Dubois écume les Etats-Unis depuis plus de quinze ans comme correspondant pour le Nouvel Observateur. Après L’Amérique m’inquiète, Jusqu’ici tout allait bien en Amérique constitue le second recueil de textes parus dans l’hebdomadaire. L’homme n’est pas un journaliste ordinaire. Demandez-lui ce qu’il retient de Las Vegas, il évoquera ses "papillons", ces criminels en fuite qui se "ruent sur cette ville comme des papillons vers la lumière". Interrogez-le sur Los Angeles, il répondra que, là-bas, un "homme murmure à l’oreille des chiots" et vous racontera comment Ricardo Guzman Kali est devenu le préparateur physique des chiens des stars hollywoodiennes.

Car Jean-Paul Dubois a un style. Une manière de raconter le monde bien personnelle. Les textes ouvrant ce recueil se déroulent à New York City et ont été écrits à chaud, entre le 15 et le 29 septembre 2001. Il en émane une telle émotion, un ton si touchant qu’on semble loin de l’exercice journalistique. Jean-Paul Dubois aime ses modèles et sait en extraire l’aspect sensible. Et que dire que de cette ironie mordante qu’il manie à chaque page avec un talent extraordinaire : "Le 16 août 1977, Elvis est mort au bord de sa cuvette. Vingt ans plus tard, on vénère toujours son papier toilette." Ça se passe lors d’une visite à Graceland, le paradis des fans d’Elvis.

Tous les textes sont de la même trempe, empreints d’une ambiance à la Dubois, d’une sensibilité à fleur de peau et d’humour noir. S’attacher à ces petits morceaux d’existence dérisoires d’individus un peu hors normes et qui, mis bout à bout, forment le reflet d’une civilisation pas forcément exemplaire constitue le tour de force de cet ouvrage. Chapeau bas, monsieur Dubois.