Le 15 novembre 2022
- Date de sortie : 15 novembre 2022
- Plus d'informations : Recensement en cours des écrivains iraniens victimes de la censure et des autorités
Organisée depuis 1981 par PEN International, la Journée pour les écrivains en prison, a lieu le 15 novembre. En Iran, depuis 1993, le 15 novembre (24 Abân) est appelé la « Journée du livre et de la lecture »
News : Depuis le 16 septembre, l’Iran traverse l’une de ses plus grandes crises idéologiques, culturelles et sociales. Quarante-trois ans après la Révolution islamique, ces révoltes deviendront-elles le mouvement révolutionnaire qui renversera le régime des mollahs ? Il est difficile de mesurer leur impact et les chiffres dont nous disposons sont sujets à caution et appellent à la prudence. En considérant la répression qui s’abat sur les artistes iraniens restés ou retournés régulièrement au pays, en examinant de près leur degré d’exposition à la censure, aux arrestations, à l’arbitraire d’un régime policier prêt à mater la liberté artistique, on peut d’abord comprendre pourquoi les manifestants iraniens méritent notre reconnaissance et surtout notre soutien. C’est notre conception universelle des Lumières qui est en cause dans ces mouvements de la jeunesse iranienne. Trente-trois ans après la fatwa de l’ayatollah Khomeyni contre Salman Rushdie, la cause défendue par ces écrivains, journalistes, blogueurs… arrêtés, et même tués, est celle d’un Montesquieu dont le roman Lettres persanes s’avère d’une troublante actualité. Reprenant ce flambeau, pour défendre des idéaux humanistes que l’on a en commun, il nous paraît indispensable de donner à voir l’humanité de ces personnalités de la littérature persane contemporaine qui, en choisissant de rester en Iran, furent d’abord censurées, maintenant arrêtées, emprisonnées, parfois même châtiées. Les données qui nous ont été transmises furent compilées et parviennent à nous montrer combien l’arbitraire d’un État liberticide pouvait s’interpréter comme l’indice d’un totalitarisme répressif, arbitraire et aveugle, comment la censure finit par tuer.
Ce recensement en cours sert de témoignage historique de la réalité de ce régime. À travers cette énumération de victimes de la censure et de la répression, on parvient à interpréter quelque chose de l’état de la société iranienne. À l’origine de cette liste, Nasim Vahadi, autrice du roman Je ne suis pas un roman (Tropismes éditions) inspiré de son expérience de la censure en Iran, nous montre les visages de ces défenseurs d’une liberté artistique fondamentale qui depuis quarante-trois ans et particulièrement ces deux derniers mois, est bafouée ou menacée. Elle tient à jour un funeste registre des arrestations, des décisions d’emprisonnement, des disparitions des victimes de ces diverses formes de censure d’État. Nous nous devions de lutter contre l’indifférence et l’oubli de ces femmes et hommes libres et courageux par-dessus tout. Les prochaines semaines seront décisives. Ce suivi au quotidien pose d’ores et déjà quelques jalons, à commencer par ce jour du 15 novembre qui est la journée du livre et de la lecture en Iran. C’est aussi une journée que Pen International dédie aux écrivains en prison et a fait de l’autrice iranienne Sedigeh Vasmaghi - condamnée pour avoir signé une pétition critiquant la brutalité policière contre des manifestants - l’une de ses figures de proue. Le 7 décembre, jour des étudiants en Iran, est aussi une date-clé en étant devenue au fil des années un moment de protestation contre le régime. À travers ce recensement, Nasim Vahadi, qui a publié Amours persanes chez Gallimard, le démontre : la censure tue non seulement mentalement mais aussi physiquement.
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