Les ravages de l’intégrisme
Le 1er juillet 2014
Les vicissitudes d’un militant irlandais passionné de musique, harcelé par l’Église catholique. Une critique de la bêtise intégriste, mineure dans la filmographie de Loach mais salutaire.
- Réalisateur : Ken Loach
- Acteurs : Barry Ward, Simone Kirby, Jim Norton, Andrew Scott, Brían F. O’Byrne, Karl Geary
- Genre : Historique, Politique
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 10 novembre 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 2 juillet 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
Résumé : 1932. Après un exil de dix ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s’occuper de la ferme familiale. L’Irlande qu’il retrouve, une dizaine d’années après la guerre civile, s’est dotée d’un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis… Suite aux sollicitations des jeunes du comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l’Église ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le "Hall", un foyer ouvert à tous où l’on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. À nouveau, le succès est immédiat. Mais l’influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.
- Copyright Joss Barratt/Sixteen Films Why Not Productions
Critique : On savait Ken Loach passionné par la cause irlandaise, lui qui obtint la Palme d’or du Festival de Cannes en 2006 avec Le vent se lève. On retrouve dans Jimmy’s Hall le charme de ses chroniques sociales, qui donnèrent de superbes récits ancrés ou non dans un contexte historique, de Land and freedom à Looking for Eric, en passant par Raining stones. Sans doute mineur dans une filmographie abondante mais inégale, Jimmy’s Hall vaut surtout par la peinture d’une petite communauté perturbée par des conflits de valeurs. La charge n’est pas tant anticléricale, l’Église étant dépeinte sous deux angles. Le jeune prêtre Seamus est le lointain parent du curé de Raining Stones, compréhensif voire socialement engagé, quand le père Sheridan (terrifiant Jim Norton) symbolise une autorité religieuse archaïque et obscurantiste.
- Copyright Joss Barratt/Sixteen Films Why Not Productions
Il s’entoure de paroissiens bornés, pour lesquels la musique américaine est une insulte à la culture irlandaise, et le dancing une œuvre du diable. Sheridan contraste avec l’humanisme de Gralton (Barry Ward), dont le charisme païen détourne les bonnes âmes du droit chemin de la piété. Bien que situé dans l’Irlande des années 30, le scénario trouve un écho avec certains pans de l’actualité, des anathèmes lancés par les excités de la Manif pour tous aux actions d’intégristes des autres religions. Si le récit de Loach n’échappe cependant pas au manichéisme, le cinéaste se rattrape avec d’attachantes séquences musicales et une discrète mais subtile romance qui lui permettent d’imprimer sa griffe. Touchant par son humanisme et sa sincérité, Jimmy’s Hall devrait toucher un large public.
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Marla 6 juillet 2014
Jimmy’s Hall - Ken Loach - critique
Pour une analyse détaillée du film de Ken Loach, sa musique, et ses liens avec l’Histoire irlandaise : http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/07/jimmys-hall-la-gigue-irlandaise-de-ken.html