Jeannot l’intrépide - La critique

Un conte malin et enchanteur, sorti en 1950, à redécouvrir et savourer sans modération.

L’argument : Le petit Jeannot et ses frères se perdent dans la forêt. Après un voyage semé d’embûches, ils sont capturés par un ogre qui les rapetisse. Les voilà en cage comme des insectes. Mais Jeannot parvient à s’échapper, et sauve la Reine des abeilles d’une invasion de frelons. C’est alors que la rûche entière vient attaquer le château de l’Ogre...

Notre avis : Jeannot l’intrépide est inspiré des péripéties du Petit Poucet de Charles Perrault. D’inspiration, Jean Image (Imre Hajdu de son vrai nom) n’en n’a pas manqué quand, en 1950, il décida de réaliser une version animée du célèbre conte. Décidant de reprendre les personnages et la trame narrative, le réalisateur a apposé au récit son univers propre et son imaginaire pour finalement offrir au public - qui reconnait sans mal les références à l’histoire d’origine - les aventures de Jeannot et de ses amis.

© Carlotta Films

Jeannot l’intrépide se présente donc comme une réécriture d’un conte en gardant tous les codes du genre et s’adressant, en premier lieu, aux enfants. Le graphisme est soigné, avec des personnages aux traits immédiatement reconnaissables (de grands yeux, des joues rondes et roses, les cheveux en bataille) et les couleurs rayonnent. On retrouve le château si emblématique de ce genre de récit, à ceci près qu’aucune princesse n’attend son prince mais, qu’au contraire, des enfants craignent le retour de l’ogre - dont la taille est absolument disproportionnée par rapport à celle des enfants qui ont été rapetissés par un phénomène magique (« mais c’est pour mieux te manger ! ») ! Jeannot étant le seul à avoir pu échapper à l’ogre, il doit partir en quête d’une solution pour sauver ses compagnons. Le schéma narratif reprend la structure du conte puisque le récit de ce long-métrage est initiatique : le jeune héros doit braver interdits et dangers multiples pour atteindre son but. Il va devoir se dépasser, combattre, grandir dans sa tête pour retrouver, avec ses frères, sa taille normale.

© Carlotta Films

Face à l’émerveillement que dégage et provoque Jeannot l’intrépide, le doute n’est plus permis quant à sa fidélité au conte. Tout comme le personnage principal, on demeure admiratif devant le travail des abeilles dans la ruche et l’on reste fasciné devant la Reine d’Insectville. Au cœur d’une société miniature, le héros évolue et découvre les spécificités du butinage des fleurs et de la couvaison des bébés. Avec tendresse, Jean Image dévoile tout un univers singulier et féérique mais paradoxalement étrangement semblable au nôtre ; à ceci près que nous marchons sur deux pattes ! A noter également qu’un véritable humour guide ce film d’animation : on ne peut, par exemple, rester de marbre devant le défilé Printemps-Eté des demoiselles les guêpes et autres frelons. Les répliques à base de jeux de mots offrent à Jeannot l’intrépide une finesse d’interprétation et lui ouvre ainsi tous les publics.
Primé en 1951 du Grand Prix du Film pour l’Enfance à la Biennale de Venise, Jeannot l’intrépide ressort enfin sur grand écran, après des années d’invisibilité. Nous ne pouvons définitivement qu’être heureux de (re)découvrir ce film considéré comme le premier long-métrage animé français.

© Carlotta Films