Je t’aime, je t’aime

Louis Malle (avec Black moon) et surtout Alain Resnais font partie de ces cinéastes qui ont osé jouer avec les ficelles du genre fantastique. Dans Je t’aime, je t’aime, le réalisateur de Nuit et brouillard propose une fascinante réflexion sur le sens de la vie. La fiction, déroutante et magnifique, suit le parcours intérieur d’un homme qui, après une tentative de suicide, se prête à une expérience scientifique : un voyage dans le temps. Il est ainsi projeté dans son passé et se retrouve heureux, auprès de sa femme, un an auparavant. Sorte de Solaris lynchien, cet opus singulier lorgne vers La jetée de Chris Marker. Flirtant avec la SF, Resnais adopte un procédé narratif qui, en lui-même, se révèle déconcertant : il consiste à repasser plusieurs fois les mêmes scènes en annihilant toute forme de linéarité. Et c’est relativement perturbant : à chaque fois que nous revoyons la même scène, Resnais rajoute quelques secondes et des bribes d’informations en plus. Bercé par une musique aérienne qui renforce l’onirisme, ce drame bénéficie de la prestation de Claude Rich et fonctionne grâce à une poignée de séquences marquantes (comme le personnage principal qui sort de la mer à plusieurs reprises en prononçant les mêmes phrases).