Resnais et la leçon du professeur Laborit
Le 22 décembre 2022
Alain Resnais illustre avec fantaisie et brio les thèses d’Henri Laborit. Grand prix du Jury au Festival de Cannes 1980.
- Réalisateur : Alain Resnais
- Acteurs : Gérard Depardieu, Marie Dubois, Catherine Frot, Nicole Garcia, Laurence Février, Valérie Dréville, Jean Dasté, Gérard Darrieu, Nelly Borgeaud, Philippe Laudenbach, Serge Feuillard, Brigitte Roüan, Roger Pierre, Alexandre Rignault, Véronique Silver, Jean Lescot, Geneviève Mnich, Jean-Philippe Puymartin, Max Vialle, Yves Peneau, Albert Médina, Héléna Manson, Dominique Rozan, Jean-Bernard Guillard, Gaston Vacchia
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution, Potemkine Distribution
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 2h05mn
- Reprise: 24 octobre 2018
- Box-office : 1 375 503 entrées France / entrées P.P. 435.736 entrées P.P.
- Date de sortie : 21 mai 1980
- Festival : Festival de Cannes 1980
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Résumé : Jean Le Gall, issu de la bourgeoisie, ambitieux, mène une carrière politique et littéraire. Pour la comédienne Janine Garnier, il abandonne sa femme et ses enfants. Janine a quitté sa famille, de modestes militants communistes, pour vivre sa vie. À la demande de la femme de Jean, elle le quitte, puis devient conseillère d’un groupe textile où elle doit résoudre le cas difficile de René Ragueneau, fils de paysan, catholique, devenu directeur d’usine.Le professeur Laborit part de l’exemple de trois destinées pour illustrer ses théories scientifiques sur le comportement humain.
Critique : Le film commence par le gros plan d’un cœur qui bat avec en fond sonore des bribes de phrases des futurs protagonistes. Intervient alors le professeur Henri Laborit (1914-1995), biologiste réputé pour ses études sur le cerveau et le stress. Laborit explique que l’homme satisfait des besoins de consommation et gratification et que face à une situation de tension, il réagit par la fuite, le combat ou l’inhibition. N’était le brillant générique ayant présenté une cinquantaine de comédiens, on pourrait croire à un documentaire scientifique lorsque la voix off annonce les trois personnages principaux du récit avec indications sur leur parcours professionnel et familial. Mon oncle d’Amérique s’avère alors une brillante illustration ludique des thèses du biologiste, tout en s’inscrivant dans la thématique chère à Resnais.
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De l’enfance de Jean (Roger Pierre, à contre-emploi), où son grand-père (Alexandre Rignault) lui apprend la cuisson des crabes, à son retour sur l’île où l’attend Janine (Nicole Garcia et sa belle voix mate), des livres scolaires lus en cachette par René (Gérard Depardieu), à son licenciement par le directeur général (Pierre Arditi), de la gifle assénée par la mère de Janine (Véronique Silver), aux coups que la jeune femme porte sur son ex-amant, on retrouve les constantes de l’univers du cinéaste depuis Hiroshima mon amour : la mémoire qui réveille les souvenirs enfouis, l’aller-retour entre le passé et le présent, l’exploration d’un univers mental. Le montage est alors passionnant, abolissant les frontières temporelles et géographiques, entre le réel et la fiction, l’intervention récurrente de Laborit ne versant ni dans la pédanterie, ni dans la diversion de narration. Elle fait d’ailleurs le prix du film et sans elle, le scénario de Jean Gruault n’aurait été qu’une aimable romance à la Lelouch, avec ces hasards et coïncidences.
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D’aucuns ont regretté l’insistance avec laquelle les auteurs établissent le parallèle entre le comportement des rats et celui des personnages : quand Veestrate, son rival (Gérard Darrieu), décroche le téléphone avant René (Gérard Depardieu), lorsqu’Arlette (Nelly Borgeaud, exquise), supplie Janine de lui rendre son mari pour quelques semaines, quand celui-ci comprend la trahison de son protecteur (Philippe Laudenbach), la réaction des intéressés ne fait qu’obéir à des réactions chimiques et pavloviennes, conformément aux schémas de Laborit. Ce parallèle en lui-même doit être pris au second degré, Resnais semblant s’amuser également du matériau et du projet initial. Aidé de la belle photo de Sacha Vierny (les prises de vue sur l’île) et d’une musique envoûtante d’Arié Dzierlatka, le cinéaste multiplie les mises en abyme, allant même jusqu’à incruster des plans de films de Danielle Darrieux, Jean Marais et Jean Gabin pour appuyer l’identification des personnages à leurs idoles, procédé qui annonce On connaît la chanson. L’ensemble aurait pu paraître indigeste et prétentieux. Il n’en est rien, et le film marque un tournant dans la carrière du réalisateur de par l’humour et la légèreté qu’il manifeste. Cette œuvre culte obtint le Grand Prix du Jury (présidé par Kirk Douglas) au Festival de Cannes 1980 et sera l’un des plus gros succès de Resnais.
- © 2018 Illustration Simon Roussin
Les suppléments édition DVD/BR 2018
- Sortie DVD & blu-ray : 6 novembre 2018
DVD
– Entretien avec Alain Resnais sur le tournage de Mon oncle d’Amérique (extrait Ciné Regards 1980) - 18’
– Entretien avec François Taddei et Joaquim Lepastier - 18’
– Ecrire contre l’oubli, « Pour Esteban González, Cuba », lettre filmée de François Jacob à Fidel Castro réalisée par Alain Resnais pour le compte d’Amnesty International. Inédite en DVD et commentée par François Thomas, auteur d’ Alain Resnais, les coulisses de la création, et L’Atelier d’Alain Resnais - 3’
Exclusivité Blu-ray
– Entretien avec le scénariste Jean Gruault (2002) - 35’ repris de l’édition MK2
– Sortie en version restaurée 2K : 24 octobre 2018
– Sortie DVD & blu-ray : 6 novembre 2018
– Festival de Cannes 1980 : Grand Prix du Jury - Prix FIPRESCI
– Syndicat Français de la Critique de Cinéma : Prix du meilleur film
– Festival de Venise 1980 : AGIS Award
- Illustration : Enki Bilal
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