Un Américain à Paris
Le 25 septembre 2013
Cette comédie décalée permet à Alain Resnais de rendre un hommage à la bande dessinée, art qu’il affectionne.
- Réalisateur : Alain Resnais
- Acteurs : Gérard Depardieu, Micheline Presle, Adolph Green, Laura Benson, Linda Lavin, John Ashton
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : MK2 Distribution
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 27 septembre 1989
- Festival : Festival de Venise 1989
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Joey Wellman, habitant de Cleveland, auteur d’un comic strip « syndiqué » un peu oublié, {Hepp Cat} (il n’est plus publié que dans cinquante journaux, et même pas dans sa ville natale), se rend en France où est organisée une exposition sur le thème de la bande dessinée. Sa réelle motivation est de retrouver sa fille Elsie étudiante depuis deux ans à Paris où elle fuit la culture américaine, qu’elle abhorre, et son père, qui en est un produit typique : étonné que le monde entier ne parle pas anglais, capable de se mettre en colère devant un téléphone à cartes ou une énigme telle que la coexistence de pièces et de billets de cent francs...
Critique : Après le succès d’estime de Mélo, Marin Karmitz et Alain Resnais s’étaient mis d’accord pour réaliser un film dont le thème serait les rapports entre la France et les États-Unis. Admirateur de bande dessinée, Resnais choisit alors de travailler avec Jules Feiffer, dramaturge et auteur de dessins de presse. Après avoir exploré diverses pistes, Resnais et Feiffer firent du héros de leur film un auteur de BD. Une particularité de I want to go home est l’insertion de Hep Cat et Sally Cat, les deux personnages d’un comic strip de Joey Wellman (Adolph Green), à divers moments du récit. Ce procédé esthétique crée ici le même décalage que les flocons de neige de L’amour à mort ou la méduse dans la scène de crémaillère d’On connaît la chanson, sans toutefois fusionner acteurs et personnages de dessins, contrairement au modèle de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Artiste majeur, Alain Resnais rend ici hommage à ces artisans de l’ombre, créateurs jugés mineurs au sein d’un art souvent mal considéré, et qui d’ailleurs connaissait un certain déclin à la fin des années 80. Joey Wellmann ressent une triple frustration qui rejoint les trois thèmes évoqués dans le film. C’est d’abord un manque de reconnaissance professionnelle : malgré l’honneur qui lui est rendu en France, l’auteur se sent oublié et occulté par ses propres condisciples. C’est ensuite le sentiment de perdre sa fille Elsie (Laura Benson) : francophile et honteuse de la sous-culture paternelle, celle-ci ne jure que par Pascal et Flaubert et méprise les signes distinctifs de l’oncle Sam, sans attirer pour autant l’attention de Gauthier (Gérard Depardieu), le spécialiste qui pourrait lire sa thèse.
C’est enfin le sentiment d’être perdu dans une vieille Europe qui ne suscite en Joey que le désir de retourner à la maison. Plus proche de E.T. que de l’intellectuel new-yorkais à la Woody Allen, Joey Wellman est donc un Américain à Paris aussi égaré qu’Ingrid Bergman sur l’île de Stromboli. À vrai dire, Alain Resnais semble lui aussi perdu dans ses trois directions de scénario. Peu à l’aise avec la fantaisie, il semble réduire ses personnages à des marionnettes enfermées dans leurs conventions. On pressent pourtant, au détour de quelques séquences, quel grand film aurait pu être I want to go home. Les scènes avec Micheline Presle (la mère de Gauthier, hôtesse de tout ce petit monde), sont ainsi les plus réussies, la grande comédienne tirant admirablement son épingle du jeu, en apportant une finesse et une humanité appréciables dans cet univers mécanique et ces fausses pistes. Et quand Alain Resnais convoque les ombres de Corto Maltese (Michel Weinstadt), Batman (Guillaume Farny) ou Tintin (Jean-Marc Cozic), on est ici au cœur de l’intégration du réel et de l’imaginaire, qui traverse toute son œuvre. Échec commercial à sa sortie, cette parenthèse en mode mineur précède les grands succès du Resnais des années 90, qui renouvellera son inspiration en collaborant avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.