Jacques Higelin : décès d’une figure incontournable des années 70-80

Né en 1940, Jacques Higelin est issu d’une famille modeste de Seine-et-Marne. Rapidement, il souhaite devenir chanteur, mais il doit effectuer d’abord son service militaire qui l’envoie en Algérie, alors en pleine guerre. Bien qu’il veuille devenir chanteur, il passe par le cours Simon et devient ainsi acteur, aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Sa carrière débute ainsi en 1959 par des petits rôles. On le remarque notamment dans Bébert et l’omnibus (1963) d’Yves Robert.
Toutefois, c’est la musique qui lui fait du pied grâce à sa rencontre avec la chanteuse Brigitte Fontaine pour qui il écrit quelques titres. Ils collaborent sur de nombreux albums et forment un trio particulièrement créatif avec elle et Areski Belkacem. Ils marquent de leur empreinte la chanson française alternative de la fin des années 60. Pendant ce temps, on retrouve Jacques Higelin à l’affiche de quelques films comme Erotissimo (1969) et Elle court, elle court la banlieue (1973), tous deux de Gérard Pirès.
Il faut attendre l’année 1975 pour que la notoriété et le succès s’invitent dans son parcours artistique. Il signe plusieurs albums qui ont forgé son image de chanteur fou, sorte de poète anarchiste déglingué. Il enchaîne Irradié (1975), Alertez les bébés (1976), No man’s land (1978) avec le tube Pars, puis son célèbre dyptique Champagne pour tout le monde et Caviar pour les autres où l’on trouve le titre culte Champagne. Par la suite, il livre des albums qui contiennent toujours des titres remarquables, même s’ils connaissent moins le succès. Il faut attendre 1988 pour qu’Higelin s’impose comme une valeur sûre de la chanson avec son plus gros succès public Tombé du ciel. Le titre éponyme fut un des gros cartons de l’année 1988. Il récidive avec un peu moins de succès avec les albums Illicite (1991), Aux héros de la voltige (1994) et Paradis païen (1998).
Les années 2000 sont plus calmes pour lui, même si sa collaboration avec Rodolphe Burger donne lieu à quelques bons albums qui se font toutefois de plus en plus rares. Il connaît avant cela un vrai succès en reprenant les chansons de Charles Trenet, mais continue finalement à tracer sa route en toute indépendance. On le retrouve en pleine forme artistique en 2016 avec ce qui restera comme son album testament, l’excellent Higelin 75. Au cinéma, il n’a finalement fait que quelques apparitions et son dernier rôle marquant se trouve dans Jappeloup aux côtés de Guillaume Canet.
L’auteur de ces lignes a eu le privilège d’assister à quelques concerts de ce grand monsieur de la chanson française et il s’en souviendra toujours avec émotion tant ces moments étaient suspendus, comme hors du temps par la magie d’un chanteur d’exception, totalement habité par son art. Respect.