Le 30 avril 2021
Malgré son sujet audacieux et ses grandes intentions, Jackie est un peu léger en profondeur et en pertinence.
- Réalisateur : Pablo Larraín
- Acteurs : John Hurt, Natalie Portman, Billy Crudup, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig
- Genre : Drame, Biopic
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 30 avril 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 1er février 2017
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Résumé : 22 novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.
Critique : Plusieurs films historiques à propos de l’Amérique des années soixante ont fait apparaître la célèbre épouse de John Fitzgerald Kennedy dans leurs intrigues, sans doute plus par souci de réalisme que par volonté de retracer sa vie sur grand écran. Avec ce biopic, Jackie, signé Pablo Larraín (No, El Club), on croirait trouver enfin LE film narrant pour la première fois le destin hors du commun de cette immense personnalité américaine. Espoir déçu.
L’histoire débute à peine plus d’une semaine après l’assassinat du trente-cinquième président des États-Unis : un journaliste de la CBS vient à la porte de Jackie Kennedy pour une interview. Dès les premières minutes, la mise en scène (champ-contre-champ frontal) traduit la froideur et la réticence de l’ex-première dame, en plein deuil, qui se met à narrer, non sans une certaine raideur… l’organisation des funérailles de son défunt époux.
Voilà à quoi se réduisent les cent minutes de production : plutôt que de dessiner une fresque de l’existence d’un des plus grands symboles féminins d’Outre-Atlantique, le scénariste Noah Oppenheim a préféré centrer toute son action dramatique sur l’enterrement de JFK, qui fut certes un grand événement, mais ne constitue sans doute pas uniquement ce pourquoi Jackie Kennedy est restée gravée dans les mémoires culturelles de son pays et du monde.
- © Bac Films
L’intrigue du film manque donc quelque peu d’intérêt, et le travail de réalisation parvient à peine à rehausser l’ensemble : en effet, pour raconter cette histoire insignifiante, le metteur en scène, au lieu de chercher l’audace et la novation, met en place un dispositif qui se répète une heure quarante durant : champs-contrechamps frontaux – dans les moments d’interview – travellings frontaux avants et arrières, et lorsque les personnages se disputent, ou que Jackie est triste et se met à pleurer, on filme le visage en larmes de Natalie Portman en gros plans sur fond de violons, contrebasses et pianos. A la séquence suivante, on reprend les mêmes – à quelques nuances près, bien sûr – et on recommence.
- © Bac Films
Toutefois, et bien que répétitif, le dispositif de mise en scène est plutôt maîtrisé : les travellings, très kubrickiens, sont réussis mais n’échappent malheureusement pas à une certaine emphase ; l’une des séquences, ainsi filmée, montre Jackie Kennedy quelques minutes seulement après l’assassinat de son mari, vêtue de son célèbre tailleur rose taché de sang et avançant dans un couloir de la Maison-Blanche, le teint pâle et le regard à la dérive. Vous avez compris, Madame Kennedy est bouleversée, on entend jouer fiévreusement les violons… sortez vos mouchoirs ! Et pour encore plus de spectacle et de racolage, on reconstitue la célèbre scène d’assassinat jusqu’à filmer – en gros plan évidemment – le crâne ouvert et la cervelle de JFK mise au plein jour.
- © Bac Films
L’on comprend tout à fait, à la vue de ce biopic maladroit, quel était l’objectif du réalisateur et des producteurs (parmi lesquels un certain Darren Aronofsky) : révéler le chagrin et la grande fragilité de la plus célèbre First Lady de l’Histoire, qui dans les trois jours qui suivirent l’assassinat du président Kennedy, tentait à la fois de préserver ses enfants de l’absence de leur père et d’organiser des obsèques dignes de l’homme d’État qu’il était.
Mais comme le rappelle Pablo Larraín lui-même, Jackie Kennedy étant une personnalité « extrêmement secrète et impénétrable, elle reste peut-être la femme connue la moins connue de l’ère moderne ». Ainsi le film est-il bien plus conditionné par la subjectivité et l’imagination de son scénariste et son réalisateur que par la vérité historique. Rendons-nous à l’évidence, Jackie Kennedy reste, pour longtemps encore, une légende insaisissable.
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