Le 7 octobre 2013
- Festival : Festival Lumière
Du 14 au 20 octobre, plongez au cœur du 7e Art à travers une sélection de films de légendes dans toutes les salles de Lyon et du Grand Lyon et préparez-vous à vivre sur grand écran la rétrospective Quentin Tarantino, Prix Lumière 2013.
Comme l’a si joliment exprimé Milos Forman, le lauréat de l’édition 2010, « tellement de gens ont des Oscars, mais un Lumière... ». Si le festival Lumière fait depuis 5 ans déjà l’unanimité auprès des cinéphiles de tout acabit, c’est grâce, outre la qualité de sa programmation, à sa capacité à partager cet amour inconditionnel du cinéma en nous replongeant avec nostalgie dans les chefs-d’œuvre lointains ou oubliés. Après Eastwood, Forman, Depardieu et Loach, l’irrévérencieux Quentin Tarantino, réalisateur de Pulp Fiction et Kill Bill se verra attribuer le prestigieux Prix Lumière pour l’ensemble de son œuvre. Pour tout savoir sur le festival, retrouvez du lundi au dimanche « La chronique d’un spectateur illuminé », en exclusivité sur avoir-alire...
A l’heure où d’aucun, désespérés par la médiocrité des nouveautés cinématographiques, préfèrent le vautrage pachydermique dans un sofa plus ou moins moelleux, le Festival Lumière propose de faire battre le cœur de la cité des Gaules au rythme du cinéma. Le temps d’une semaine, les Lyonnais et autres curieux qui ne devraient pas manquer d’affluer dans les salles obscures pourront faire leur marché parmi une sélection de films cultes et découvrir de nombreuses raretés, le tout à travers de magnifiques copies restaurées. En prime, une présentation des films par de prestigieux invités, réalisateurs, acteurs ou critiques venus partager leur amour du cinéma. Ici, pas de compétition. Un seul « vainqueur » préétabli, et de multiples hommages aux monstres sacrés (acteurs, réalisateurs, compositeurs) qui ont façonné pierre par pierre notre Taj Mahal cinématographique.Thierry Frémaux, son créateur, l’a assez répété, Lumière est un festival pour tous. Péplums, westerns, films noirs, merveilles du muet, films de guerre, romances, cinéma de l’intime, exploitation movies, autant de genres et d’époques différents mis à l’honneur sans hiérarchisation. De quoi réveiller le cinéphile qui sommeille en chacun de nous. La lumière décline, les murmures se taisent, et le spectateur s’apprête à voyager de l’autre côté de l’écran, dans cet univers de tous les possibles entre fiction et réalité. Moteur, action, les images s’impriment sur la rétine, nous procurant cette sensation de jouissance immédiate liée au simple plaisir de voir.
Comme disait Godard, il n’y a pas une, mais des histoires du cinéma, brinquebalant sans cesse entre le singulier et l’universel. S’il y en a un qui l’a décidément bien compris, c’est Tarantino, sans conteste l’un des plus passionnément (et passionnant) cinéphile maîtrisant l’art de la caméra. Véritable anthropologue du grand écran, Quentin nous fait voyager aux quatre coins du globe, piochant ça et là des bribes d’histoire du cinéma qu’il dispose par petites touches sur sa palette de réalisateur. Nourri d’images, le monsieur propose un cinéma pétri de références et sans cesse renouvelé, clamant son goût immodéré pour les films d’exploitation. Violence des scènes, dialogues d’une grande crudité, explosions d’hémoglobine, les films de Tarantino, incroyablement stylisés, magnifient cette matière première pour lui donner un caractère noble, comme un vieux tacot qu’on transformerait en limousine. Mais malgré leur aspect volontairement débridé et des images incroyablement fun, les partitions du maestro possèdent toutes une structure narrative des plus travaillées qui empêchent l’œuvre de partir en roue libre. Si Tarantino est bien un authentique faiseur d’images, il est aussi l’un des plus grands cinéastes actuellement en activité, explorant de film en film les possibilités infinies du médium cinématographique.
Rendez-vous dans les salles pour une immersion dans l’univers tarantinesque aux côtés de la mariée, Vincent Vega, le colonel Hans Landa ou le sadique Candy, autant de personnages devenus cultes dont les tribulations vous garantiront un plaisir maximal. Pour ceux qui en redemande, découvrez les films sélectionnés par le réalisateur dans le cadre de sa carte blanche ainsi que le seul film réalisé par Tim Roth -alias Mister Orange dans Reservoir Dogs -, en présence de l’acteur.
- Affiche de "Pulp Fiction" (1994)
- © Miramax Films
Bergmanissime !
Outre Tarantino, le festival fait également la part belle au cinéma suédois à travers une rétrospective Ingmar Bergman, considéré comme l’un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du 7e Art. Douleur, passion, mort, familles déchirées, identités brisées, Bergman nous livre des drames intimes, glacés et puissants, qui dissèquent avec un incroyable sens de la mesure les relations humaines. Au cœur de son cinéma, un monde principalement peuplé de femmes à la fois fortes et fragiles, à l’image d’une Liv Ullmann campant des personnages constamment à fleur de peau.
Chefs d’œuvres inégalés, Persona , Le Septième Sceau , Sonate d’automne ou Les Fraises sauvages interrogent notre propre rapport au monde et aux autres, préférant les silences et les respirations aux longs discours et à la musique illustrative. Un cinéma vibrant rappelant la beauté des tableaux, servi par l’incroyable photographie du chef opérateur Sven Nykvist.
- Liv Ullmann et Bibi Andersson dans "Persona" d’Ingmar Bergman
- © Svensk Filmindustri (S.F.)
Hommage à Bebel et grandes projections
Le festival, c’est aussi des hommages aux acteurs, à commencer par Jean-Paul Belmondo, alias Bébel, surnom donné par les critiques à l’époque de sa rivalité latente avec Alain Delon. C’est confirmé, l’acteur de 80 printemps à la carrière pavée de succès sera bien présent dès la soirée d’ouverture pour la projection d’ Un singe en hiver de Verneuil, l’un de ses plus beaux rôles où il partage l’affiche avec Jean Gabin. Dans un autre registre, on pourra déguster L’Homme de Rio , fascinant film d’aventures signé Philippe de Broca, où Belmondo incarne un soldat en permission embringué malgré lui dans une histoire de trafic d’œuvres d’art. Outre Belmondo, Lumière fera un dernier adieu à la récemment disparue Bernadette Lafont, la première égérie de Chabrol, avec la projection de La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan. A l’honneur également Dominique Sanda, Pierre Richard et Françoise Fabian...
Amoureux du cinéma, soyez réjouis. L’édition 2013 propose pas moins de six grand films à l’aura mythique à revoir sur écran géant dans des copies neuves entièrement restaurées. Ne ratez surtout pas Voyage au bout de l’enfer , œuvre fleuve de Michael Cimino, premier grand film sur la guerre du Vietnam et ses conséquences désastreuses sur la psyché des soldats de retour au pays. On attend également avec une impatience grandissante le monumental film de Cecil B. DeMille, Les Dix commandements . Pour ceux qui ne l’ont jamais vu, la séquence de l’ouverture de la mer rouge par Moïse / Charlton Heston vaut de l’or...
- Affiche originale du film "Les dix commandements"
- © DR
Et aussi...
Pour les 25 ans du studio d’animation Ghibli, Lumière propose une mini rétrospective Miyazaki, le réalisateur du Voyage de Chihiro , avec Mon voisin Totoro , Princesse Mononoké ainsi que son dernier film en avant-première : Le vent se lève... Il faut tenter de vivre . Profitez en d’autant plus que papa Miyazaki a décidé de prendre sa retraite, laissant les reines du studio à son fils Goro.
Comme chaque année, le festival organise la fameuse « Nuit du film ». C’est au tour des truculents britanniques des Monty Python, emmenés par le duo Terry Gilliam et Terry Jones et leur humour non sens, de faire tenir les 5 000 spectateurs de la halle Tony Garnier jusqu’au petit matin.
Si vous aimez Scorsese ou Cimino, ne manquez pas de découvrir Hal Hashby, auteur de l’étonnant Harold et Maud et du très provoc Shampoo , acteur majeur du cinéma des années 70 pratiquement oublié à ce jour.
Enfin, le très populaire Henri Verneuil, l’autre Français du festival, sera mis à l’honneur à travers une sélection de films en noir et blanc tirés de sa période années 50 – 60 dont le magnifique Les Amants du Tage , Cent mille dollars au soleil (avec Belmondo), Mélodie en sous-sol et Le Fruit défendu , une rareté mettant en scène Fernandel face à la séductrice Françoise Arnoul.
Bon festival à tous !
Galerie Photos
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