Le 12 octobre 2014
- Festival : Festival Lumière
La chronique d’un spectateur illuminé revient du 13 au 19 octobre pour suivre les festivités à la loupe en compagnie de Pedro Almodovar !
2014. Rebelote ! Les chroniques d’un spectateur illuminé, la tribune libre d’avoir-alire consacrée au Festival Lumière de Lyon (du 13 au 19 octobre) reviennent pour la seconde année consécutive vous narrer les aventures cinéphiles d’un spectateur en mal de films perdu dans le vortex méandreux d’un réseau de salles obscures. La lueur est belle, l’écran noir se transforme, offrant ses courbes à la danse endiablée des images, la prose se fait poème, et Almodovar, dramaturge flamboyant, nous régale de sa présence. Après Quentin Tarantino, c’est une nouvelle page du Festival qui s’écrit, une page empreinte de chaleur madrilène.
L’eau a coulé sous les ponts depuis que deux illustres lyonnais, Auguste et Louis, spécialisés dans la production de plaques photographiques, ont offert au monde ce merveilleux cadeau qu’ils prénommèrent « cinématographe ». Le nom, quant à lui, est resté brillant : Lumière. Et la lumière apparue sur la toile immaculée fit jaillir la vie hors de sa boîte, si bien que certains spectateurs crurent qu’ils s’agissait d’une mauvaise farce voire d’un tour de passe-passe réalisé à leurs frais. Très vite cependant : illumination, révélation ; le cinématographe conquiert le monde. Plus qu’une boîte à images, il s’agit d’un véritable catalyseur de la vie. Une vie mise en scène, une vie hors de la vie, comme si la distance permettait de nous révéler quelque chose de nous-mêmes tout en laissant à notre imagination le soin de remodeler cet ensemble de formes et de couleurs étranges et pourtant si familières.
Le temps passe, immuable ; la magie, elle, reste, et ne cesse de changer de forme. Jeux d’ombres et de lumières, réalité et faux-semblants, mise en mouvement des corps pelliculaires, silence et paroles, joies et peines, stupeur et tremblements, émotions sans cesse contrariées, sans cesse renouvelées, le cinéma tisse sa toile autour du spectateur avide d’évasion. Avec cette 6e édition du Festival Lumière de Lyon, embarquez avec avoir-alire à bord d’une Dolorean fantasmée pour un voyage dans le passé du 7e Art haut en couleurs (même si un certain nombre de films seront projetés dans leur noir et blanc originel) qui promet son lot de découvertes et de surprises. A l’honneur cette année, le pape du cinéma espagnol Pedro Almodovar nous fera l’honneur de sa présence, accompagné de son actrice fétiche, la piquante Penelope Cruz. Et il y en a vraiment pour tous les goûts avec comme chaque année plus de 200 films projetés dans tous les cinémas de la ville aux deux fleuves ! Ici pas de rive droite / rive gauche, juste une kyrielle de chefs d’œuvres mêlés à des films plus modestes mais non moins passionnants à découvrir ou redécouvrir avec une âme de bambin attendant sa glace au chocolat. Car ne l’oublions pas, si le cinéma est boulimique et engloutit le spectateur, celui-ci le lui rend bien. Alors vive l’excès, vive l’orgie de pellicule, vive les mirettes dilatées du plaisir de voir, et vive le cinéma !
Au programme :
Passons au menu, sucré, salé, piquant, quelques fois aigre-doux et même parfois mouillé. Un délice permanent qui ne souffrira aucun relâchement. Alors gonflez-vous la panse ! Qu’on se le dise ! Capra, pour commencer, chantre de la comédie grinçante des années 1930 / 1940, humaniste militant, l’un des seuls réalisateurs / auteurs à avoir pu bénéficier d’une quasi totale indépendance artistique à Hollywood. Tantôt léger ou grave, hilarant bien souvent, absurde à ses heures, magnant le verbe avec une aisance de tous les instants, l’un des meilleurs représentants de la comédie « sociale » rien que pour vous.
- Donna Reed et James Stewart dans "La vie est belle" de Frank Capra
Autre époque, autre cinéaste du social mais d’un tout autre ordre, Pedro Almodovar, le plus emblématique des cinéastes espagnols, enfant terrible et matador survolté, a su imposer son style percutant en faisant entrer aux panthéon des personnages de films toute une faune à consonance « fellinienne », florilège de prostituées et de macros, d’ousiders de tout acabit. Avec des héroïnes féminines vibrantes et attachantes, la muse Pénélope Cruz, la Reimunda de Volver, divine et sensuelle, en première ligne. Témoignages vibrants d’un monde en marge, d’une Espagne bis, d’une Espagne des petites gens simples, fauchée précocement et trop souvent oubliée qui clame haut et fort son droit à l’existence, les films d’Almodovar touchent, piquent et remuent encore longtemps après leur visionnage. On n’est pas prêts de l’oublier.
Troisième morceau du gâteau mastodonte concocté avec soin par l’inénarrable Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier (l’homme le plus cinéphile au monde après Tarantino...), la rétrospective Sautet, cinéaste de l’intime, des non dits, cinéaste des failles, des regrets, de l’amour, des amitiés, des hommes et surtout des femmes. Comment oublier le troublant visage de Romy dans Les choses de la vie, la complicité indéfectible de Montand, Piccoli et Reggiani dans Vincent, François, Paul et les autres, le trio amoureux Schneider, Montand, Frey dans César et Rosalie, et tous les autres. Les autres, c’est aussi vous, c’est moi, c’est lui, c’est elle, c’est nous. Jouissance d’un instant fugace ou de moments d’éternité, tourments, incompréhensions, réconciliations, Sautet brosse, par le prisme quasi-systématique du couple, un véritable portrait de la condition même d’homme et de femme. A la question : Le cinéma peut-il révéler notre nature profonde ?, Sautet n’a eu de cesse d’esquisser des réponses, en toute humilité.
- Romy Schneider dans "Les Choses de la vie"
Et aussi :
Du Tarkovski pour les puristes avec la projection du sublime Andreï Roublev, des westerns mythiques et méconnus à la sauce spaghettis, Le Bon, La Brute et Le Truand en version restaurée histoire de voir Blondin débiter ses répliques cultes (pas la peine de creuser tout de suite !), une invitation à Ted Kotcheff, réalisateur du stalonnien Rambo, de la castagne au sabre avec les six volets de la légende de Musashi Myamoto, sans oublier les masterclass organisées par les cinéastes et acteurs invités, qui s’avèrent de plus en plus nombreux chaque année.
Cerise sur le gâteau, la nuit Alien, baignée par l’inquiétante étrangeté de cet Autre envahisseur, risque d’en faire frissonner plus d’un. Vilaines bébêtes va. Rendez-vous le dimanche matin avec tous les survivants pour un petit déjeuner totalement gratis. Chic !
Galerie Photos
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