Têtes à claque
Le 9 décembre 2003
Grossier et schématique, vraiment Bertolucci se fourvoie...


- Réalisateur : Bernardo Bertolucci
- Acteurs : Robin Renucci, Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel
- Genre : Drame, Érotique
- Nationalité : Américain, Britannique, Français
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h52mn
- Titre original : The Dreamers
- Date de sortie : 10 février 2023
- Festival : Festival de Venise 2003

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Résumé : Paris, mai 68. Isabelle et son frère Théo invitent chez eux Matthew, un étudiant américain rencontré durant les manifestations de soutien à Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française. Après le départ de leurs parents en vacances, les deux adolescents entraînent leur nouvel ami dans un jeu sexuel dont les enchères et les enjeux vont rapidement les dépasser.
Critique : Précédé par une réputation sulfureuse, Innocents se révèle très rapidement être une approche artificielle et superficielle de l’éveil sexuel et politique de trois jeunes, dans la tourmente de mai 68. Le grand Bertolucci ferait ici presque l’effet d’un vieux pervers, égrainant ses fantasmes en bon cinéphile, c’est à dire à coups de références multiples et (trop) appuyées à ses maîtres de la Cinémathèque. Certes, les comédiens se donnent corps (surtout) et âme au réalisateur, mais ils sont desservis par un scénario tellement grossier qu’ils en deviennent eux-mêmes agaçants. Les jeux érotiques, censément spirituels, sont affligeants et ennuyeux. Le plus dérangeant n’est même pas cet étalage voyeuriste de l’apprentissage de la sexualité (ah les premiers émois !) mais le propos politique que Bertolucci y adjoint. Loin de la critique subversive annoncée, on est confronté à une schématisation grossière et moralisatrice de mai 68. Tuer le père se limite à un caprice de p’tits bourges. Rien de palpitant non plus dans la reconstitution historique : quelques figurants mal dirigés, deux ou trois pavés et autres cocktails Molotov qui volent. Du coup, même la bande originale (qui justement n’a absolument rien d’original), mélange paresseux de Jimmy Hendrix, Janis Joplin et Van Morrison, en devient agaçante tant elle est convenue.
Non vraiment... Loin du jadis scandaleux Dernier tango à Paris, la dernière partition de Bertolucci aurait plutôt des allures de dernière danse.