Le 10 avril 2020
- Groupe : The Beatles
Le 10 avril 1970, Paul McCartney annonçait la séparation des Beatles. Cinquante ans plus tard, le succès des Fab Four ne s’est jamais démenti.
Avis : Qui aurait cru en 1970 que les quatre de Liverpool demeurerait, cinquante ans plus tard, le groupe pop-rock le plus populaire de tous les temps ? Dans une interview de 1963, mélange de forfanterie et d’humilité qui lui ressemblait, John Lennon avouait que les Fab Four pouvaient aisément crâner grâce à leur succès et disparaître au bout de quelques mois.
La construction d’un mythe
Au-delà de leur simple périmètre musical, les Beatles demeurent une référence de la culture contemporaine, où s’imbriquent une évolution musicale fulgurante qui a été la bande-son d’une époque, des apparences vestimentaires qui n’ont cessé de changer (les blousons de cuir de Hambourg cèdent la place au look straight imposé par Brian Epstein, jusqu’à la conversion au modèle hippie), des pochettes qui marquent la jonction avec le pop art, ainsi que le barnum des tournées rendues folles par l’attitude des fans, dont les hurlements ont fait le tour du monde (Lennon, dans sa célèbre interview de 1970 au magazine Rolling Stone, comparera leur existence de globe-trotters au Satyricon de Fellini, dévoilant côté coulisses un univers de débauche).
La double compilation de leurs hits sortie en 1973 -album rouge, album bleu - les montre tous les quatre, souriants, accoudés au balcon de l’EMI House de Londres, à sept ans d’écart : d’abord jeunes hommes à la fameuse coupe au bol que la légende attribue tantôt à leurs amie Astrid Kircherr, tantôt à Jean-Claude Brialy, même si McCartney a encore livré une autre version, dans son autobiographie coécrite avec Barry Miles il y a plus de vingt ans, en évoquant... Jean Marais dans Le Testament d’Orphée ; puis considérablement plus chevelus et un peu las, en 1969, au crépuscule d’une carrière extraordinaire.
Influences
Entre les deux, douze albums, près de deux cents chansons originales et le titre officieux de plus grand groupe de l’histoire du rock, dont l’influence considérable sur pas mal de formations musicales qui ont suivi s’est aussi payée d’un rejet légitime, tant l’ombre tutélaire des Fab Four est écrasante, quasiment paternelle. "Cette Beatlemania bidon a mordu la poussière", chantaient les Clash dans leur célèbre London Calling. Aujourd’hui, Joe Strummer côtoie John Lennon dans le panthéon des célébrités. Et la new wave, qui a succédé au punk, ne s’est pas privée de citer le quatuor : on se rappelle la reprise de Dear Prudence par Siouxsie and the Banshees (leur plus grand succès), on a vu ce bon vieux Robert Smith, rimmel dégoulinant, faire le bœuf avec le fils Macca, pour une reprise de Hello Goodbye, on a compris que Tears For Fears rendait hommage au style Magical Mystery Tour à travers Sowing the Seeds of Love... on n’en finit pas de compter les artistes, les groupes qui ont tenté de reprendre le flambeau, avec de brusques poussées d’acmés, comme cette Britpop des années 90, bien lointaine, où les bouffonneries mélodiques des frères Gallagher tentaient de singer le style de leurs glorieux aînés.
Se reformer ? C’est décliner.
Il y a cinquante ans, les Beatles se séparaient. "Juste avant que le gâteau ne crame dans le four", avait dit en substance McCartney, usant d’une métaphore facile, mais signifiante. Pendant les années 70, où chacun des quatre fit carrière avec des fortunes diverses, le public rêva de les revoir ensemble : se moquant des sommes astronomiques offertes au groupe pour une hypothétique réunion, en avril 1976, le créateur du mythique Saturday Night Live Lorne Michaels promit 3000 dollars aux Anglais s’ils se radinaient sur le plateau. Il se trouve qu’à ce moment précis, Paul et John, momentanément réconciliés, regardaient la télé au Dakota Building et faillirent sauter dans un taxi pour la blague. Mais non finalement. Trop de fatigue. Ils renoncèrent. Et de toute façon, ça n’aurait fait que deux sur quatre.
L’assassinat de Lennon le 8 décembre 1980 anéantit le rêve de revoir les Beatles ensemble. Pourtant, le chanteur avait déjà soldé les comptes quelques semaines plus tôt dans une excellente interview donnée au journaliste David Sheff : "Je ne suis jamais allé à une réunion d’anciens élèves. Mon attitude dans la vie, c’est "Loin des yeux, loin du cœur". Je ne fais pas de roman à propos de mon passé. J’y pense simplement dans la mesure où ça m’a rendu heureux et où j’ai grandi psychologiquement". Alors oui, en 1995, lorsque le même débarqua sous une forme fantomatique dans Free as bird, une maquette enregistrée à New York en 1977, certains grincèrent des dents. Le secrétaire et confident du musicien Fred Seaman déclara à juste titre au journal Libération que cette reformation était la dernière chose que l’artiste aurait souhaitée.
Mais peu importe les histoires de gros sous, les arrangements avec la réalité pour contenter les fans les plus radicaux. L’essentiel est préservé. Les Beatles ont eu l’intelligence de ne pas décliner. Leurs ennemis préférés, les Rolling Stones, ont profilé la carrière qui les aurait attendus, sans ce 10 avril 1970. Le reste appartient à l’histoire et aux souvenirs de chacun(e).
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