Le 17 juillet 2017
- Réalisateur : George A. Romero
- Voir le dossier : Nécrologie
Plus qu’aucun autre réalisateur de film fantastique au XXe siècle, il marqua l’histoire du 7e art en imposant les codes d’un genre adulé par beaucoup, le film de morts vivants ! Oui, Romero était cette personne, et bien plus encore.
- spip-slider
- (C) Melki
A quoi bon rédiger une biographie de George A. Romero, mort ce soir à 77 ans, des suites d’un cancer des poumons ? Tout a déjà été écrit, un pavé français, tout simplement THE bible païenne, signé Julien Sévéon, retrace l’intégrale de son œuvre, avec une minutie à rendre dingue...
Non, je la jouerai perso ce soir. Romero a beaucoup fait dans la construction cinéphilique qui était mienne. Un détour dans un hall de cinéma de province en 1983, pour aller chercher le sacro-saint programme, un soir d’été et se retrouver nez-à-nez avec la 120X160 de Creepshow, délire macabre en 5 sketches immortalisé par l’illustrateur Melki, que forcément je collectionne aujourd’hui. J’avais d’ailleurs les mains dedans pas plus tard qu’hier. Et même sur le maxi 45t, The Creepshow dance par le spectre. Cultissime de ringardise.
Comme tous les mômes de ma génération, Romero, c’était le type derrière le film Zombie, VHS mythique chez René Chateau Vidéo, dans la collection des films que l’on ne verra jamais à télévision, car strictement interdit aux moins de 18 ans. Cela tombait bien, le trailer omniprésent sur les VHS de l’éditeur de Massacre à la tronçonneuse était bien gore et aurait probablement mérité pareille interdiction. Je me rends compte ce soir qu’il n’y a pas de critique du film sur aVoir-aLire. On le connaît peut-être trop par cœur.
Quid de la ressortie de La nuit des morts vivants en 1984, avec un visuel de l’époque, à faire saliver les jeunes amateurs de cinéma de genre ? Je me souviens des affiches pantalon dans Paris... Pas de bol, le film était en noir et blanc, le sang plus noir que rouge... Mais quelle claque ! Le film est donc l’instigateur d’une mode qui, aujourd’hui, a envahi le cinéma et le petit écran (The Walking Dead et ses allusions multiples à la saga du bon vieux George).
George A. Romero, c’était aussi beaucoup de kilomètres et d’efforts pour voir ses rejetons en salle... Il fallait aller à Béziers en famille, dieu merci ce n’était pas encore une ville frontiste en 1986, quand sortit Le jour des morts vivants. La claque. C’était l’épisode de la saga que préférait Romero. Ce fut un bide retentissant. Mais, cela tombe bien, cela demeure le mien aussi. L’affiche, le vinyle, le CD collector et nombre de DVD et blu-ray sont venus depuis rejoindre ma collection bis.
Au Cap d’Agde, un soir d’été, le diptyque cosigné par Dario Argento m’avait fait triper, malgré les limites de l’exercice... Deux Yeux maléfiques qu’il s’appelait. A Montpellier (oui, cela sent le môme qui a grandi dans l’Hérault), jeune étudiant, je n’allais pas raté sa nouvelle adaptation de Stephen King, The Dark Half/La Part des ténèbres. King était son pote, c’était mon écrivain favori. Leur univers était le mien. J’étais bien dans la salle... Dommage qu’il n’ait pas pu réaliser Simetierre, que Mary Lambert réalisa finalement en 1989 avec succès, cela m’aurait bien plu !
Bon, sur Paris aussi, la liste des Romero que j’ai pu voir est longue... Incidents de parcours, au Rex je crois, ou à l’Orient Express... Je n’en suis plus sûr. Son grand retour, avec la série B, après 7 ans d’absence et de galère pour trouver un financement... C’était Bruiser, film mineur, vu à l’UGC les Halles. Knightriders et Martin à la Cinémathèque, Creepshow aussi, puis au PIFFF d’ailleurs (merci Cyril Despontin au passage pour la programmation !). Pour son retour au film de macchabées, 20 ans après Le jour des morts vivants, je découvrais Land of the Dead là où je le pouvais, en projo de presse, puis à l’UGC Bercy en la présence du cinéaste, ou au George V, avec Superwonderscope. Il se reconnaîtra.
Diary of the Dead, Survival of the Dead... Ces deux-là sont trop récents, on n’est plus dans le souvenir... Ce furent ses deux derniers films.
Et puis Romero, c’est aussi les inédits salle vus en VHS, puis en DVD... La nuit des fous vivants/Experiment 2000, aka The Crazies. Je n’oublierai pas Season of the Witch, découvert sur une vidéo-cassette improbable, puis, très longtemps après, sur un DVD Wild Side très rare aujourd’hui. Je veille sur lui.
Et un Dieu n’étant jamais seul, Romero engendra en Italie son double maléfique, un autre amateur de zombies, putrides cette fois-ci, pour l’exploitation toutefois, sans la fibre sociale, politique et humaine du cinéaste de Pittsburgh... Il s’appelait Lucio Fulci. Sans Dawn of the Dead, on n’aurait jamais goûté au charme vénéneux de L’enfer des zombies, La Maison près du cimetière, Frayeurs et surtout de L’au-delà. Lucio Fulci aussi est mort, mais il y a sacrément longtemps, peu de temps après une convention à Londres en décembre 1994, où je récupérais quelques bons autographes (pour compenser la nullité de son ultime film, projeté ce soir-là, Door to silence). J’entrais à peine dans la vingtaine.
Cette nuit, j’aurai pu écrire davantage sur Romero, mais à quoi bon, dans ces moments-là, reste le ressenti, l’émotion. Il faisait partie de ces auteurs qui accompagnaient une passion. Sa mort fait mal. Au moins aura-t-il su rendre heureux des milliers de mômes de par le monde.
Rest in peace.
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