Hellboy Deluxe - La chronique BD

Le cadeau de Noël idéal est juste là. Les deux premiers tomes de la célèbre série Hellboy ressortent dans une collection Deluxe, et il faut le dire, c’est une sacrée idée à l’approche des fêtes. Sans aucune ironie, c’est un beau présent pour être placé au pied du sapin. Tout d’abord, la présentation, or sur fond noir, les préfaces et croquis préparatoires de Mignola himself, le format des pages plus grand, tout cet ensemble contribue à créer une belle œuvre. Pour tous ceux qui ne connaissent pas l’univers de Mignola, c’est une occasion de les introduire. Pour ceux qui ne connaissent pas les comics, c’est une bonne manière de leur montrer le côté classe de ce type d’album. Et pour ceux qui connaissent Hellboy, c’est juste le Graal à portée de main. Revenons à ceux que l’histoire d’Hellboy pourrait intéresser : c’est le tout début qui est ici réédité. Le fondement d’Hellboy, avec en vedette son pire ennemi, le célèbre Raspoutine. Il y a du nazi, du vampire, de la sorcière, mais aussi du combat au poing en pagaille. Hellboy, c’est ce mélange incongru entre la violence primaire de la boxe et des réflexions mythologiques et philosophiques profondes. Ce sont des héros, ou plutôt des illustres vilains de mythologies différentes, les déesses romaines côtoyant les runes nordiques, le tout sous l’influence du IIIe Reich. C’est un univers déconcertant mais terriblement prenant, qui vaut le coup d’être découvert.

© Delcourt

Un autre élément qui fait que Hellboy Deluxe est un superbe présent , c’est sa patte, son originalité graphique. Les contrastes, les figures, les dialogues, Mignola avait déjà tout compris en 1994. Ses traits n’ont pas pris une ride en 2016, et sa création a influencé tellement d’auteurs qu’il faut le connaître. Son style est inimitable, ce héros fait de rouge incandescent dans des planches de couleurs extrêmement froides a quelque chose d’unique. Ses aventures, qui prennent des tournants décalés et ironiques après deux pages de discours très sérieux, sont fascinantes aussi bien par le scénario que par son rendu. Les deux premiers tomes témoignent à la fois de cet audace graphique et de cette efficacité intellectuelle.

© Delcourt

Bijou de la bande dessinée moderne, Hellboy a désormais un écrin à la hauteur de l’ambition et du talent de Mignola. Cette édition Deluxe est peut-être une idée marketing, mais franchement l’auteur et l’univers la méritent.

Petit conseil de fond musical : The Downward Spiral de Nine Inch Nails (1994).