Le 18 juillet 2024
À travers le récit d’une famille qui vole en éclat après l’intrusion d’un tiers, Kōji Fukada casse le mythe de l’ordre social japonais et mêle avec bonheur chronique psychologique et thriller onirique.
- Réalisateur : Kōji Fukada
- Acteurs : Tadanobu Asano, Taiga, Kanji Furutachi, Mariko Tsutsui, Takahiro Miura
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Version Originale / Condor
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Fuchi ni tatsu
- Date de sortie : 11 janvier 2017
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. À la surprise d’Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l’harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié.
Critique : De Voyage à Tokyo de Yasujirô Ozu à Notre petite sœur de Hirakazu Kore-eda, le cinéma japonais s’est voulu le témoin de l’importance cruciale que revêt la cellule familiale dans la société nippone. Harmonium a d’abord le mérite de démystifier cet ordre social, à travers la métaphore d’un obscur objet du désir, mi-ange, mi-démon, qui met à mal la quiétude d’un microcosme. À l’instar des personnages de Terence Stamp dans Théorème, Sergi Lopez dans Harry un ami qui vous veut du bien ou des deux jeunes hommes de Funny Games, Yasaka vient semer le trouble dans le confort d’une famille de la classe moyenne.
- © 2016 Fuchi Ni Tatsu Fil Partners & Comme des Cinémas
Ancien repris de justice, il fait sortir de l’oubli une complicité déviante avec le père, porte une bienveillance suspecte envers la fillette musicienne, à qui il donnera des cours de piano, et surtout s’attire les faveurs de la mère, une bigote protestante subjuguée par son charisme. La première partie du film est époustouflante, qui voit les jeux de méfiance et de séduction se mettre en place, par une suite de plans fixes et de travellings aptes à suggérer une atmosphère d’oppression. Nous ne dévoilerons pas les enjeux de la suite du récit, si ce n’est qu’un coup de théâtre horrifique et une ellipse temporelle saisissante mènent la narration sur une autre voie. Et là, Fôji Fukada casse le cadre réaliste de son scénario, nimbant de fantastique policier un film qui se présentait d’abord sous l’apparence d’une chronique de mœurs.
- © 2016 Fuchi Ni Tatsu Film Partners & Comme des Cinémas
Comme si l’univers sentimental d’Au revoir l’été (son précédent long métrage) faisait écho à la démarche tout aussi romanesque mais beaucoup plus onirique de son compatriote Kiyoshi Kurosawa. « Dépeindre les hommes est un exercice que je décrirais comme se pencher au bord du gouffre pour bien les observer, il faut se rapprocher du bord, au risque d’y tomber. Il s’agit donc de s’approcher de la noirceur du cœur des hommes sans basculer dedans. Et pour cela il faut avoir conscience de jusqu’où on peut aller. Ce film, comparé à mes précédents, est un pas de plus en avant vers les tréfonds de l’âme », a déclaré le cinéaste. Il est bien épaulé par l’actrice Mariko Tsutsui et l’inquiétant Tanadobu Osano, que l’on a pu admirer dans Vers l’autre rive de Kiyoshi Kurosawa et Silence de Martin Scorsese.
– Festival de Cannes 2016 : Prix du Jury Un Certain Regard
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