Le 15 mai 2022
Dans un style faussement ingénu, Kôji Fukada déroule une critique acerbe contre la société japonaise pétrie de non-dits et de contradictions. Pour autant, le récit ne parvient pas à accrocher franchement son spectateur.


- Réalisateur : Kōji Fukada
- Acteurs : Win Morisaki, Kei Ishibashi, Kaho Tsuchimura, Shosei Uno, Kentez Asaka
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 1er novembre 2023 22:15
- Chaîne : OCS Pulp
- Titre original : The Real Thing
- Date de sortie : 11 mai 2022
- Festival : Festival de Cannes 2020

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Résumé : Entre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, à qui il sauve la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître.
Critique : C’est un film sur le mensonge. Celui d’une jeune femme mystérieuse que Tsuji rencontre par hasard et sauve in extremis de la mort. Elle passe son temps à disparaître, laissant sur son chemin des dettes qui la mettent dans des situations d’urgence dont elle-même ne semble pas mesurer la gravité. Ce drôle de Suis-moi je te fuis est construit sur un ensemble de scènes quasi répétitives qui petit à petit font monter le mystère de cette femme, sans jamais rien dévoiler véritablement. Il s’agit d’un film elliptique, naïf par certains aspects, même si le spectateur n’est jamais dupe du regard acerbe que Kôji Fukada porte sur le Japon.
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Il y aura une suite. L’adage "suis-moi je te fuis" bénéficiera de son pendant "fuis-moi je te suis" où l’on imagine que le jeune Tsuji deviendra à son tour la victime consentante de cet étrange personnage en fuite. Pour sûr, elle est jolie. Elle répand les ennuis autour d’elle, tout en ne cessant pas de se confondre en excuses. L’ironie n’est jamais loin. Le ton fantaisiste du cinéaste ne dissimule pas sa colère contre une société du faux-semblant où hypocrisie et le non-dit règnent en maîtres. À la vérité, on préfère la courtoisie apparente et le mensonge devient une attitude généralisée. Finalement, la grossièreté avec laquelle Ukiyo détourne le réel à ses profits est une antithèse avec une culture japonaise feutrée qui refuse le scandale.
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Mais hélas, le récit ne fonctionne pas. Parfois, le rire sardonique saisit le spectateur. Le reste du temps, on suit ces personnages de loin, hésitant entre l’agacement et l’ennui. Manifestement, Tsuji a beau vivre dans un appartement des plus exigus, il sort les billets sans compter, règle les dettes d’Ukiyo sans sourciller. Bêtise ou fascination pour cette étrange fille ? Son acolyte, Ukiyo, se perd en sanglots à longueur de temps, tout en trahissant en permanence ceux qui lui tendent la main. Et il y a les autres personnages féminins qui tournent autour de la vie de Tsuji en acceptant tous les compromis au nom de l’amour.
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On espère que le second volet relèvera le rythme de ce conte moderne. S’il est difficile de contester le talent de Kôji Fukada, on n’aura pas été vraiment convaincu par cette histoire fantasque et saugrenue.
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