Le 6 août 2021
Si le titre et le sujet annonçaient un récit poétique et vibrant, le traitement énigmatique du film ne tient pas toutes ses promesses.
- Réalisateur : Kōji Fukada
- Acteurs : Taiga, Dean Fujioka, Junko Abe, Adipati Dolken, Sekar Sari
- Genre : Comédie dramatique, Drame fantastique
- Nationalité : Français, Japonais, Indonésien
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 1h29mn
- Titre original : Umi wo kakeru
- Date de sortie : 4 août 2021
- Festival : Festival du film de Cabourg 2019
– Année de production : 2018
Résumé : En quête de ses racines, Sachiko rend visite à sa famille japonaise installée à Sumatra. Tout le monde ici essaie de se reconstruire après le tsunami qui a ravagé l’île il y a dix ans. A son arrivée, Sachiko apprend qu’un homme mystérieux a été retrouvé sur la plage, vivant. Le village est à la fois inquiet et fasciné par le comportement de cet étranger rejeté par les vagues. Sachiko, elle, semble le comprendre…
Critique : A la façon de Moïse sauvé des eaux, un jeune homme surgit de la mer. Il ne parle pas et fascine immédiatement toute la ville indonésienne où se passe le film. Le mystère enveloppe les paysages qui font entendre encore l’inquiétant soupir de la mer, à l’aune du tsunami qui a défiguré les côtes et leurs habitants il y a dix ans. Le soupir des vagues joue avec le multiculturalisme. Le Japon côtoie l’Indonésie à travers les jeunes gens qui peuplent le récit. Shakiro arrive sur Sumatra, remplie de toute sa jeunesse et de son esprit voyageur. Elle intègre une famille qui se débat entre ses racines japonaises et la terre d’accueil où ils vivent.
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Voilà un film troublant. Troublant car il traite de sujets très différents, qu’il s’agisse des enjeux interculturels entre Japonais et Indonésiens sans doute encore hantés par le souvenir de la guerre, du tsunami, du mysticisme à travers les traits de ce garçon étrange surgi des eaux, et de l’amour. Le talent incontestable de Kôji Fukada permet de donner de la cohérence à ce qui aurait pu se résumer à un treillis de problématiques très différentes. Le spectateur se laisse ainsi embarquer dans cette sorte d’éducation sentimentale et spirituelle des jeunes gens mis en scène avec ravissement. Pour autant, la mer, les sons, les couleurs n’offrent pas l’écrin poétique et sensible attendu. En même temps, le cinéma de Fukada prend souvent le parti pris d’un cinéma du pas de côté, hésitant entre les genres, la critique sociale et la férocité narrative. Le soupir des vagues est peut-être l’une des œuvres les plus poétiques du réalisateur. Mais hélas, il ne va au bout d’un projet tout entier construit sur le mystère et l’ailleurs.
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En réalité, le film souffre d’un problème de longueur. Le traitement du récit aurait mérité une bonne demi-heure supplémentaire, afin de ne pas laisser le spectateur sur sa faim. Le scénario ouvre de nombreuses questions, mais finalement n’apporte pas les réponses. Il est vrai que beaucoup de films se plaisent à perdre le spectateur dans un jeu d’énigmes. Pour autant, ici, celles-ci s’opposent au lieu de se compléter, et la réalisation, peut-être faute de moyens, fait le pari de l’ellipse, au risque d’égarer les spectateurs. Incontestablement, l’épure de la mise en scène et des effets cinématographiques produit de très jolis moments de grâce. On finit par mesurer que ce jeune homme qui renaît des vagues est une métaphore de la mort et de la vie qui constituent le drame d’un tsunami où les familles sont confrontées à la brutalité du deuil et à la nécessité de se reconstruire. Mais si l’hypothèse est bonne, peut-être que le film aurait gagné à plus de complexité.
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TouLouSE 13 août 2021
Le soupir des vagues - Kôji Fukada - critique
Critique assez juste