Ray of light
Le 3 juin 2003
Passé maître dans un ambient-rock sous haute tension, Mogwai revient avec un 4e LP plus assagi.
- Artiste : Mogwai
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Jadis austères à la limite de l’intégrisme post-rock, les cinq Ecossais de Mogwai ont laissé le soleil réchauffer leurs instrumentaux de plus en plus influencés par l’electronica.
Stuart Braithwaite et ses comparses de Glasgow s’étaient rendus célèbres il y a cinq ans en allumant les grandes figures de la britpop qui avaient le mauvais goût de se prendre au jeu du star-system (Damon Albarn en particulier). N’ayant pas que leur grande gueule comme atout, ces Ecossais s’étaient surtout imposés grâce à un premier album qui secouait le Landerneau rock anglais : les climats de Young Team, tendus et menaçants comme des rencontres Villepin-Powell au plus fort de la crise irakienne, dégénéraient en de furieux orages bruitistes, laissant l’auditeur fourbu et à bout de nerfs. Austères et intransigeantes, jouées à deux à l’heure, ces plages se situaient dans la lignée des atmosphères oniriques de My Bloody Valentine et du hardcore génétiquement modifié de Slint.
Malgré ce petit chef-d’œuvre, Mogwai a dû mouliner sec pour ne pas se laisser enfermer dans le ghetto post-rock. Le virage "accessible" (façon de parler) de Rock Action (2001), suivi de My Father, My King, ahurissante variation sur un antique psaume hébraïque, prouvait leur capacité à surprendre et la richesse de leur inspiration. Sur Happy Songs for Happy People, l’évolution se poursuit avec une orchestration plus étoffée et des morceaux plus courts, là où leurs premiers essais dépassaient allègrement les dix minutes. Sur le morceau d’ouverture Hunted by a Freak, un vocoder, un violoncelle et des synthés s’ajoutent aux graves arpèges de guitares chers aux fans de Mogwai. Joli, mais certainement plus proche de Air que de Sonic Youth.
Tout Happy Songs ne suit pas cette piste plus assagie et lumineuse : les lents crescendos de Killing All the Flies, Ratts of the Capital ou Stop Coming to my House rappellent les cataclysmes passés et combleront les amateurs de sensations fortes. Et ce sont ces passages inquiétants qui montrent le meilleur d’un groupe qui n’a pas encore choisi clairement sa nouvelle voie.
Au fait, Happy Songs for Happy People devait d’abord s’intituler Bag of Agony, avant qu’un titre moins ostensiblement attrape-goths soit retenu. Pure ironie ou manière d’affirmer, comme le Cure de la grande époque, que derrière toute joie se dissimule une catastrophe. Brrr.
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