Les grandes vacances
Le 21 juillet 2008
Après Takeshis’, Kitano prolonge son congé sabbatique avec un deuxième non-film. Dans Glory to the filmmaker !, l’introspection du réalisateur en panne d’inspiration tourne rapidement court pour céder la place à un grand n’importe quoi.


- Réalisateur : Takeshi Kitano
- Acteurs : Takeshi Kitano (Beat Takeshi), Kayako Kishimoto, Keiko Matsuzaka, Toru Emori, Kazuko Yoshiyuki
- Genre : Expérimental
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 16 juillet 2008

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– Durée : 1h44mn
– Titre original : Kantoku banzai
Après Takeshis’, Kitano prolonge son congé sabbatique avec un deuxième non-film. Dans Glory to the filmmaker !, l’introspection du réalisateur en panne d’inspiration tourne rapidement court pour céder la place à un grand n’importe quoi.
L’objet : Le célèbre cinéaste Takeshi Kitano se met en quête de réaliser le film ultime pour les amateurs de cinéma du monde entier. Takeshi Kitano imagine tous les genres possibles pour ce projet. Suit à l’écran et hors-cadre une série d’événements imprévisibles liés à une catastrophe prête à changer la face du monde. Dès lors, Takeshi Kitano se doit de non seulement finir son film, mais aussi de sauver l’humanité !
Notre avis : Takeshi Kitano a déjà beaucoup donné et il le dit haut et fort, il fait une pause. Nous voilà prévenus, Glory to the filmmaker ! ne marque pas le retour tant espéré du grand Kitano qui, dans la foulée de Takeshis’, poursuit son introspection. Pour preuve le titre initial, qui devait être Opus 19/31 : 19 pour les 12 films existant auxquels s’ajoutent les 7 épisodes de celui-ci (façon Ozu, comédie romantique, Japon des années 50 à 60, horreur, film de sabres, S.F., comédie mère-fille) et 31 pour le nombre de films que Kitano a l’intention de réaliser dans sa carrière. Dans Glory to the filmmaker, titre finalement adopté pour plus de clarté, Kitano, secondé par son double inanimé qui partage l’affiche avec lui, subit un scanner dont les résultats montrent qu’il a le cerveau cassé. Manière de nous suggérer de tout lui pardonner ? Pas si facile.
Glory to the filmmaker démarre pourtant plutôt bien. Durant vingt premières minutes prometteuses, Kitano transforme sa panne d’inspiration en une farce générale à laquelle il invite le spectateur à participer. Prenant systématiquement ce dernier à contre pied, une voix off commente les efforts insensés du réalisateur Takeshi Kitano pour se renouveler. Pendant ce temps, Kitano en personne endosse le rôle de Beat Takeshi (une injonction à prendre au premier degré puisque le réalisateur et son double en plastique en prennent effectivement plein la tronche pendant tout le film), le personnage principal de chacune des variantes du futur scénario si problématique.
Et puis la machine s’enraye et ce qui se présentait comme une bonne idée tourne court faute de réelle motivation. Satisfait de sa mise en bouche, Kitano considère qu’il peut se laisser aller. Tel un gosse qui appuie sur tous les boutons à sa portée (et ce ne sont pas les moyens qui manquent à Kitano : effets spéciaux, cascades...) et avec une trame dramaturgique aussi fine que du papier à cigarettes, le réalisateur s’abandonne alors aux gags potaches de cours de récré et aux private jokes qui ne sont pas sans rappeler les jeux TV que lui-même produit au Japon, voire les comédies Hongkongaises à l’humour bien lourd. Pas sûr cependant que cet exutoire pour le réalisateur, apporte grand chose au spectateur.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’outre que son producteur commence aussi à s’impatienter, le réalisateur retrouve à la fin un visage plus serein. Après la scène apocalyptique qui conclut cet objet fortement expérimental, espérons que Kitano aura cette fois-ci exorcisé tous ses démons et que la prochaine sera la bonne !