Come as you are
Le 25 mars 2014
Pied de nez aux convenances stériles et aux chapelles sociales, Gerontophilia est une comédie romantique chaste et pudique où l’amour revêt de nombreux masques.
- Réalisateur : Bruce LaBruce
- Acteurs : Pier-Gabriel Lajoie, Walter Borden, Katie Boland, Marie-Hélène Thibault, Adam Capriolo
- Genre : Comédie, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Canadien
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 26 mars 2014
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Pied de nez aux convenances stériles et aux chapelles sociales, Gerontophilia est une comédie romantique chaste et pudique où l’amour revêt de nombreux masques.
L’argument : Lake, 18 ans, un garçon plutôt ordinaire, vit avec une mère névrosée et sort avec une fille de son âge, un peu excentrique. Mais il se découvre un penchant de plus en plus fort pour... les vieux messieurs. Embauché dans une maison de retraite pour l’été, il tombe sous le charme de M. Peabody, un séduisant patient de 82 ans.
Notre avis :« L’art, parcequ’il est liberté, est aussi subversion. » Anthony Burgess, auteur de L’Orange mécanique, coucha il y a des années cette douloureuse réalité sur les feuilles de ses manuscrits. Si le sulfureux réalisateur Bruce LaBruce délaisse avec Gerontophilia l’univers underground qu’il chérit tant, il n’en abdique néanmoins pas le style séditieux qui le caractérise. Au-delà des fantasmes violents de No skin off my ass et des obsessions malsaines d’Otto ou de L.A. Zombie, le metteur en scène canadien porte à l’écran la romance fleur bleue d’un adolescent à peine majeur et d’un monsieur de quatre-vingt-six ans. Plus accessible que les réalisations précédentes du cinéaste, ce nouveau long-métrage anéantit les frontières du bon goût, la fleur au fusil et la caméra au poing.
© Epicentre Films
Creusés par le temps, les sillons distinguables sur le front des personnes âgées renvoient à la sage impuissance de l’enfance. Par opposition à l’aura solaire de la jeunesse, la décadence physique provoque aujourd’hui un dégoût brutal. Les cheveux blanchis, les joues flétries, le scrotum flasque, le système musculaire affaissé et la sudation importante répugnent les esprits effarouchés par le culte du corps que prône nos sociétés occidentales. En faisant preuve d’une douceur pédagogique insoupçonnée, Bruce LaBruce expose avec Gerontophilia un des comportements sexuels que le système qualifie de « déviant ».
Lorsque Lake, le protagoniste principal, développe une tendance fétichiste pour les corps marqués par le temps, la pureté de ses élans nous prend à la gorge. Engagé comme infirmier dans un établissement pour personnes âgées, il s’abandonne aux excitations corporelles qui l’animent. En proie à de sensuelles visions, Lake transfigure à travers son regard les notions communes d’esthétisme. Ainsi, une scène de toilette devient une expérience puissamment érotique, et les mouvements de l’éponge qu’il manie exposent la plénitude et la volupté de son ressenti.
© Epicentre Films
Le génie de Gerontophilia s’expose en son plus simple appareil. En faisant abstraction totale des tabous moraux et autres barrières éthiques, le long-métrage s’apparente davantage à une comédie romantique qu’à une étude de moeurs. Lake et Mister Peabody, submergés par leurs amours respectifs, déambulent alors nonchalamment dans un parc, main dans la main, au rythme d’une mélodie de Chilly Gonzales.
Reflet d’une tendresse infinie, Gerontophilia se meut avec innocence dans les eaux noires d’un contexte social trouble. Étonnamment artificiel, le long-métrage magnifie les relations humaines, quelles qu’elles soient, et discrédite tous les sceptiques et autres réactionnaires.
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